Allo! allo! L’écrivain vaudois Alain Freudiger au téléphone

Publié le 28 juillet 2023
«Au téléphone», le nouvel opus gracile du Bellerin Alain Freudiger, publié récemment chez Héros-Limite, explore la constellation de souvenirs et de pensées incidentes que lui inspire l’évocation de cet appareil.

Communication, clarté, le téléphone, c’est avant tout du quotidien, de la banalité, de l’ordinaire, dit-il, un rapport qui, socialement, n’est pas réservé à une classe particulière, c’est la conversation, le café du commerce, des mots simples et pour en parler, il n'y a pas besoin d’un lexique philosophique ou linguistique, ajoute-t-il.
Sur la ligne, mais en plus éclaté, du I remember de Joe Brainard, le génial modèle du Je me souviens de Georges Perec, il dessine donc les divers avatars du combiné inventé par le Québécois Cyrille Duquet en 1878 et développé ensuite par le bien connu Graham Bell.
Le lien
Pour lui, essentiellement, le téléphone, c’est du lien. Un jeu, deux boites de conserve et un fil, deux gobelets de yaourt reliés par une ficelle, le téléphone dont il jouait enfant et sa suite de petits textes rapides cherche à être en phase avec cet aspect premier de la téléphonie: un combiné qui est relié à un autre combiné, une voix à une oreille.
Et comme il s’agit principalement de lien, dans son livre, nous retrouvons comme chez Marcel Proust des figures de proches, la grand-mère, le père, la mère, le frère, la femme, le fils, la fille, l’amante, l’ami.
L'enfance
A la Cure, à Bex, où j’habitais enfant, nous avions trois téléphones, écrit-il. Ayant une grand-mère danoise qui a travaillé dans sa jeunesse pour la KTAS, la Compagnie des Téléphones de Copenhague, et qui en partant, avait hérité de téléphones anciens, ceux des années vingt qu’on n’utilisait plus et qui se reliaient électriquement, qui avaient une manivelle à tourner, nous les avions installés dans notre maison pour pouvoir communiquer aisément entre les étages. Deux meubles carrés noirs au combiné en bakélite, accroché à deux fourches de métal insérées sur la surface supérieure du boitier, les cordons ...

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