Tragédie minière au Pérou: la Suisse impliquée

Publié le 26 mai 2023
Le 6 mai, 27 travailleurs trouvaient la mort dans un accident, au fond de la mine d’or de Yanaquihua, proche d’Arequipa. La tragédie et les terribles images qui l’exposent ont fortement ému le Pérou. Selon le quotidien de Lima «El Comercio», plusieurs enquêtes sont en cours et le ministre de l’Energie et des mines Oscar Vera affirme qu’il y a eu négligence au moment de l’accident et que les responsabilités seront établies.

Un court-circuit, un incendie et un étouffoir de gaz toxiques. L’entreprise incriminée, Sermigold, se tait. Son autorité de surveillance n’est pas fière non plus. La mine n’a jamais été inspectée ces dernières années. Elle dispose pour ce travail de sept personnes et une camionnette… pour 17’000 mineurs dans la région.

Le drame met aussi dans l’embarras Thomas Henschel, responsable de l’organisation «Swiss Better Gold», créée en 2013, financée à hauteur de 18 millions par le Secrétariat d’Etat à l’économie. Avec le soutien des grands acteurs du luxe, comme Cartier et Richemont. Dans le but d’assurer des conditions sociales et écologiques convenables dans l’extraction de l’or à travers le monde. Interrogé par la NZZ am Sonntag et le Blick, il explique que la mine en question avait «très bonne réputation». Elle bénéficiait ainsi d’un label qui facilitait l’exportation du précieux métal… raffiné d’ailleurs par l’entreprise Metalor à Neuchâtel. Hentschel, spécialiste allemand des technologies minières, l’homme de confiance du SECO, n’avait sans doute pas lu les enquêtes du journaliste péruvien Luis Perez Pinto qui dénonce la situation depuis longtemps. Il révèle que la mine Sermigold a connu 190 accidents graves ces dix dernières années. Et qu’elle sous-traite une partie des travaux, sur les galeries qui s’enfoncent à 100 mètres sous terre, à de mini-entreprises locales peu soucieuses de la sécurité. Ce qui ne l’a pas empêchée de recevoir, outre le label vertueux, une aide suisse de 60’000 francs.

Ces réalités dérangeantes posent la question du fonctionnement des organisations dédiées au progrès social à travers le monde. Servent-elles surtout à notre bonne conscience? Et sur le terrain? Y mettent-elles suffisamment le nez?


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