«Vous pouviez être la solution, vous avez choisi d’être le problème»

Publié le 17 décembre 2021
Après une année de discussions et de polémiques provoquées par les campagnes vaccinales et les innombrables restrictions engendrées par la pandémie, la majorité de la population vaccinée n'en peut plus de l'activisme des opposants. Exemple choisi dans le «New York Times».

«Je suis furieux contre les non-vaccinés, et n’ai aucune gêne à le dire. Je ne cherche plus à les comprendre ni à les raisonner. Les masques sont tombés. La seule raison que j’accepte encore pour rester non-vacciné est la contre-indication médicale». Charles Blow est chroniqueur au New York Times, le quotidien de la Grosse Pomme largement considéré comme l’une des références les plus sérieuses et informées de la grande presse américaine. C’est une opinion qu’il exprime dans les pages «débats» du journal. Son radicalisme, son absolutisme est la conséquence du durcissement des fronts dans la discussion sur la pandémie, la lassitude d’un nombre croissant de personnes, en Suisse aussi bien qu’aux Etats-Unis, qui se lit dans la progression des taux par personnes vaccinées, dans les sondages et, en Suisse, dans la progression du soutien à la loi covid lors du second référendum du mois dernier par rapport au premier, celui de juin.

Irresponsabilité et égoïsme

Dans une démocratie, le questionnement, le doute, la vérification sont les bases intangibles du débat, la base de la liberté et de son maintien. La Suisse, plus que tout autre pays, en a administré la preuve, par les deux votations populaires sur le sujet. Mais le débat à la base de cette démocratie si exemplaire doit répondre à deux exigences: l’honnêteté de l’argumentation et le respect de l’avis de l’autre. Or, cette double exigence semble avoir été largement oubliée de la part de la minorité toujours plus réduite des opposants au vaccin. Non seulement ils se sont répandus en mensonges crasses sur l’existence du virus, puis (lorsque ce n’était plus possible), sur la sécurité des vaccins autorisés dans les pays occidentaux, puis (lorsque les preuves du contraire étaient irréfutables), sur la «défense de leur liberté personnelle», comme si le fait de livrer son épaule à une seringue était une atteinte aux droits fondamentaux, de la même nature qu’un manifestant birman ou soudanais mitraillé par une armée putschiste. Ces défenseurs autoproclamés des «libertés» oublient par ailleurs l’autre moitié de «la» liberté: la responsabilité. Non seulement vis-à-vis de leur petite personne, mais aussi, et surtout vis-à-vis des autres, de la société dans tous ses composants.

Ils ont pu intervenir de manière plus insidieuse, en multipliant les fausses informations, ou les informations tronquées, sur les réseaux sociaux, polluant le débat de leurs mensonges. Par exemple en s’intéressant – quel hasard! – au bilan carbone de la fabrication des vaccins. Excellente question au demeurant, mais pourquoi, diable, ne pas l’avoir posée plus tôt, notamment dans le cadre de la fabrication de médicaments anticancéreux, de somnifères ou d’anxiolytiques, dont le volume est bien plus important (et rémunérateur pour Big Pharma) que celle d’un vaccin? Cette multiplication de faux signaux a créé un «bruit» tel qu’il a égaré même les esprits apparemment les plus à même de porter un jugement éclairé, comme certains médecins et journalistes. «On entend tout et n’importe quoi! Qui croire?» a-t-on pu entendre. Or, on le sait, la création de la confusion est l’une des stratégies les plus efficaces pour saper la crédibilité d’un message simple, en l’occurrence l’injonction à se faire vacciner.

Assumer les conséquences

Entre-temps, le nombre de personnes qui ont fini aux soins intensifs, malades sur la longue durée, voire décédées, n’a cessé de croître, et un virus qui profite de l’espace qui lui est encore offert pour croître, se multiplier et muter, pose à chaque fois des défis existentiels à la planète. Et pour tenter de limiter cette hécatombe, les gouvernements ne cessent de prendre des décisions parfois sensées, parfois absurdes, limitant effectivement les libertés individuelles, qui ont pour effet d’approfondir les divisions dans la société.

Face à tant d’irresponsabilité, tant d’égoïsme de la part des opposants aux vaccinations, comment ne pas comprendre la profonde lassitude de Charles Blow? «Vous aviez le choix de faire partie de la solution ou de faire partie du problème. Vous avez choisi de faire partie du problème». Très juste. Et quand on choisit d’être partie du problème plutôt que de la solution, on en assume les conséquences. Il ne faut donc pas pleurer lorsqu’on se trouve effectivement confiné alors que les vaccinés peuvent à peu près faire ce qu’ils veulent: parce que ces derniers assument, eux, les conséquences de leurs actes.


Lire l’article original.

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

À lire aussi

Accès libre

PFAS: un risque invisible que la Suisse préfère ignorer

Malgré la présence avérée de substances chimiques éternelles dans les sols, l’eau, la nourriture et le sang de la population, Berne renonce à une étude nationale et reporte l’adoption de mesures contraignantes. Un choix politique qui privilégie l’économie à court terme au détriment de la santé publique.

Accès libre

Nos médicaments encore plus chers? La faute à Trump!

En Suisse, les médicaments sont 50 à 100 % plus coûteux que dans le reste de l’Europe. Pourtant, malgré des bénéfices records, les géants suisses de la pharmaceutique font pression sur le Conseil fédéral pour répercuter sur le marché suisse ce qu’ils risquent de perdre aux Etats-Unis en raison des (...)

Christof Leisinger

Ma caisse-maladie veut-elle la peau de mon pharmacien?

«Recevez vos médicaments sur ordonnance par la poste», me propose-t-on. Et mon pharmacien, que va-t-il devenir? S’il disparaît, les services qu’ils proposent disparaîtront avec lui. Mon seul avantage dans tout ça? Une carte cadeau Migros de trente francs et la possibilité de collecter des points cumulus.

Patrick Morier-Genoud
Accès libre

Les Suisses ne tirent aucun avantage des coûts élevés de la santé

Les primes d’assurance maladie devraient à nouveau augmenter de 4 % en 2026. Or il n’existe aucune corrélation entre les coûts de la santé et la santé réelle d’une population, ni avec son espérance de vie. La preuve? En Grande-Bretagne, le nombre de décès liés au cancer est inférieur à (...)

Urs P. Gasche

Cinq ans après, quel bilan peut-on tirer de la crise Covid?

Sur le site «Antithèse», deux entretiens, avec Pierre Gallaz et Frédéric Baldan, abordent les enjeux qui ont entouré cet événement majeur de notre histoire récente et dénoncent la domination d’un récit officiel soutenu par les autorités et les médias au dépend d’un autre point de vue, solide mais censuré, et (...)

Martin Bernard

La Suisse a détruit pour 1,3 milliard de francs de vaccins Covid inutilisés

Moins d’un quart des doses achetées par la Suisse durant la pandémie ont été administrées. Le reste a en grande partie été éliminé après péremption. Aujourd’hui encore, la Confédération ne donne aucune information sur les montants versés aux laboratoires américains à l’origine des vaccins. On sait toutefois que la crise (...)

Martin Bernard
Accès libre

Coûts de la santé: sale temps pour les malades

L’augmentation de la franchise minimale de l’assurance maladie décidée la semaine dernière par la majorité bourgeoise du Conseil national n’a rien d’une surprise. Une fois encore, le Parlement a décidé d’épargner les puissants lobbies de la santé et de prendre l’argent là où il y en a le moins: chez (...)

Bon pour la tête
Accès libre

Le vaccin ARN pourrait être à l’origine du Covid long

Une étude de l’Université de Yale révèle que la vaccination contre le Covid-19 pourrait provoquer des symptômes similaires à ceux d’un Covid long. Si les preuves semblent convaincantes et pourraient modifier la réflexion sur ces produits, elles ne sont toutefois pas encore reconnues par les autorités de santé publique.

Bon pour la tête

A quel pays appartient la Crimée?

Selon la pensée dominante, il semble évident que la Russie a annexé la Crimée en 2014. Pourtant, une analyse historique, prenant notamment en compte le droit à l’autodétermination des peuples, raconte une réalité différente.

Marcel Gerber

Révolution conservatrice à Bucarest

Le 8 décembre aura lieu le deuxième tour des élections présidentielle en Roumanie. Un deuxième tour qui voit s’affrontrer Elena Lasconi et Călin Georgescu, «une réédition presque à l’identique du duel Donald Trump – Kamala Harris», explique notre invité Petru Romoșan. Poète, écrivain et éditeur, il tient une émission politique (...)

Petru Romosan

Y’a-t-il quelque chose de mieux que le sexe?

Pour le joueur de football Zlatan Ibrahimović, la réponse est «non!»; pourquoi alors la masturbation est-elle toujours taboue au sein des couples? Sinon, certains animaux semblent peu apprécier les humains et leurs activités, et ils le leur font savoir, notamment en ce qui concerne des productions cinématographiques. Et puis, il (...)

Patrick Morier-Genoud
Accès libre

La taxe britannique sur les boissons sucrées est efficace

Depuis 2018, la Grande-Bretagne applique une taxe sur les boissons sucrées. Des chercheurs de l’Université de Cambridge ont étudié comment celle-ci avait influencé la consommation de sucre des Britanniques. Les recherches concluent à l’efficacité de cette mesure: après une année d’application seulement, la consommation de sucre avait sensiblement diminué.

Bon pour la tête
Accès libre

Le déficit des hôpitaux se creuse

Sept établissements sur dix, en Suisse, sont dans le rouge. Le site spécialisé Medinside.ch révèle une étude d’audit KPMG. Au total, les pertes s’élèvent à un milliard de francs. Les causes? Une forte augmentation des coûts de personnel (+ 8% en 2023), la modernisation digitale, et surtout des marges insuffisantes, (...)

Antoine Thibaut
Accès libre

Six explications au scepticisme croissant à l’égard des vaccins

Occultation des effets secondaires, opacité, amalgames et pensée unique, la séquence médiatique autour de la campagne de vaccination contre le Covid-19 a laissé des traces dans la population. Et la santé publique s’en ressent: la vaccination convainc de moins en moins, par conséquent des épidémies éradiquées depuis longtemps refont surface, (...)

Bon pour la tête
Accès libre

L’UE suspecte des médicaments

Le journal «Les Echos» annonce que« l’Europe suspend 400 médicaments génériques pour « études erronées ». La société indienne qui les a évalués n’est pas jugée « fiable » par l’Agence européenne du médicament.»

Bon pour la tête

Maudits Welsches!

Markus Somm, journaliste, historien, chroniqueur du «Nebelspalter», ex-trotskiste, viré à droite toute, est connu en Suisse allemande pour ses coups de gueule. Il dit parfois tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. En l’occurrence, il pourfend les Romands après qu’ils ont dit oui aux initiatives sur l’assurance-maladie, alors que (...)

Antoine Thibaut