Freddy Buache: à la Cinémathèque, «on volait les films»

Publié le 4 avril 2019
La Fédération internationale des archives du film (FIAF) réunira toutes les cinémathèques du monde du 7 au 13 avril pour la 75e fois, dont cinq éditions à Lausanne. L'un de ses membres historiques aujourd'hui retraité, Freddy Buache, le fondateur de la Cinémathèque suisse, et Frédéric Maire, l'actuel directeur de l'institution, analysent l'évolution de leur métier en 75 ans.

En 75 congrès, la FIAF est soucieuse de l’avenir de l’histoire du cinéma et donc de la conservation des films. Il faut dire que le cinéma est devenu très «visible» grâce au progrès, notamment depuis l’essort des plateformes de streaming. Si la production annuelle des grands studios stagne, Netflix a mis en boîte 80 long-métrages en 2018. Colossal! Freddy Buache, le fondateur de la Cinémathèque suisse, montre du scepticisme. Sur la distribution et la multiplication des supports numériques qui éloignent le public des salles obscures. Mais aussi sur l'ancrage du cinéma dans la société. Comme si le bon vieux long métrage devenait juste un argument commercial d'acteurs du divertissement global. Le cinéma distribué par voie digitale, l'actuel directeur de la Cinémathèque, Frédéric Maire, s'en inquiète aussi. Il pointe cette dématérialisation qui enferme les films récents dans une forme de cage numérique inviolable. En 2019, la Cinémathèque suisse n'aura jamais cessé de mener campagne pour le maintien en bon état de ses collections de films dans leurs bobines originales, tout en continuant de dénicher des films rares, découverts sur d’autres continents au gré des rencontres et festivals, qu'ils soient numériques ou analogiques.

Buache, un historique de la FIAF

Au niveau mondial, si la FIAF, présidée depuis 2017 par Frédéric Maire, est une faîtière bien huilée, elle le doit en partie à ses pères-fondateurs, donc à Freddy Buache. C'est avec le regard espiègle et la langue bien pendue que le critique de cinéma lausannois est revenu sur les fondations de la Cinémathèque suisse et de la FIAF. Aujourd'hui, Lausanne et son fond de plus de 85'000 films se classent derrière la Cinémathèque française, ses équivalents américains, britanniques et russes. Au début de l'histoire de l'inst...

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