Weinstein ou le grand méchant désir
Vous connaissez l’expression anglo-américaine «The elephant in the room»? Je l’adore. Elle désigne quelque chose d’évident, d’énorme, de criant, mais dont personne ne parle et que l’on décide d’ignorer. Ces jours, l’«elephant in the room» qu’était le harcèlement sexuel et certaines coulisses saumâtres des relations entre hommes et femmes deviennent soudain très visibles. Tant mieux.
Mais un autre «elephant in the room» subsiste. Un pauvre Marc Bonnant tout en pudique retenue, se sachant en terrain miné, a bien tenté de mettre le doigt dessus lors de l’émission RTS Infrarouge intitulée «Affaire Weinstein: la fin de l’omerta?». Après avoir lâché ces phrases à l’intention des femmes l’entourant sur le plateau: «Vous régnez sur nos sens, sur nos vies! Nous sommes à la recherche de la sexualité féminine, elle est notre récompense, notre vocation première!», il a posé la question suivante: «Susciter le désir est-il une offense?»
«Désir»: le mot était lâché. Mais tout de suite, il a été balayé.
On ne veut pas voir. On ne prononce pas ce mot. On ne sait pas qu’en faire. Il nous dérange. C’est un mot trouble, inquiétant, positif et négatif à la fois. Un mot de la nature et un mot de la culture, donc le pire des mots. Il y a du Ça dans l’air. Freud, Lacan, Grisélidis Réal, au secours!
Les hommes font les Harvey Weinstein parce qu’ils éprouvent du désir.
Ils éprouvent du désir parce que leur désir a été stimulé.
Nous vivons dans un...
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