Voyage en vélo à travers la Bulgarie (2)

Publié le 4 juillet 2025
Six cents kilomètres séparent Sofia, la capitale, de Velik Tarnovo, au centre-nord de la Bulgarie. En dix-sept jours de vélo, du 17 mai au 3 juin, j'ai découvert une richesse culturelle insoupçonnée: les fresques des tombeaux thraces, vieux de 24 siècles, un stade et un théâtre romain parfaitement conservés et d'innombrables monastères. Mais aussi une campagne vidée de sa jeunesse. Voilà la deuxième partie du reportage.

Suite du reportage de la semaine dernière.
Entre Spatovo et Hotovo, je pédale sur un chemin de traverse, raide et caillouteux, et je tombe sur une vénus de marbre blanc. Mais que diable fait-elle là? Les bras m’en tombent. Odes à la force et à la fertilité, les statues que je rencontre par la suite n’ont pas la grâce romaine, elles portent les valeurs sûres du réalisme social­iste.
© Toutes les photos sont de Roland Sauter.
Non loin du village de Melnik, je trouve un bi­jou de monastère − mais la montée est tellement raide que je dois pousser mon vélo... Tous les murs sont recouverts de fresques, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, et il y a beaucoup de pèlerins.

L’architecture de l’époque soviétique semble faite pour dominer, écraser. Une manière de remettre les petites gens à leur petite place. Je croise deux dames que la glorification des héros du passé ne semble guère im­pressionner.
La Place centrale de Batak.

Dans une ruelle de Plovdiv, je tombe par hasard sur une mosaïque qui couvre une paroi de l’entrée d’un obscur bâti­ment administratif. Je demande aux em­ployés de déplacer quelques meubles pour pouvoir la photographier – ce qu’ils font avec un grand sourire, surpris de voir mon intérêt. Je suis toujours fasciné par ce mélange de sym­boles chrétiens (on dirait presque une nativité) avec le machinisme agricole.

Ah le vent, quelle invention! Il arrive, rarement, qu’il me pousse et me donne des ailes, mais la plupart du temps, il semble heureux de me voir et vient à ma rencontre à toute vitesse.
Kurtovo.
Dans le train, je croise l’homme au révolver. Comme tous les vieux en Bulgarie, il parle le russe. Il me demande si j’ai une arme avec moi, et comme je réponds par la négative, il sort de sa sacoche en cuir un révolver dont il fait briller l’acier. Je ne comp...

Ce contenu est réservé aux abonnés

En vous abonnant, vous soutenez un média indépendant, sans publicité ni sponsor, qui refuse les récits simplistes et les oppositions binaires.

Vous accédez à du contenu exclusif :

  • Articles hebdomadaires pour décrypter l’actualité autrement

  • Masterclass approfondies avec des intervenants de haut niveau

  • Conférences en ligne thématiques, en direct ou en replay

  • Séances de questions-réponses avec les invités de nos entretiens

  • Et bien plus encore… 

Déjà abonné ? Se connecter

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

À lire aussi

Une société de privilèges n’est pas une société démocratique

Si nous bénéficions toutes et tous de privilèges, ceux-ci sont souvent masqués, voir niés. Dans son livre «Privilèges – Ce qu’il nous reste à abolir», la philosophe française Alice de Rochechouart démontre les mécanismes qui font que nos institutions ne sont pas neutres et que nos sociétés sont inégalitaires. Elle (...)

Patrick Morier-Genoud
Accès libre

Comment les industriels ont fabriqué le mythe du marché libre

Des fables radiophoniques – dont l’une inspirée d’un conte suisse pour enfants! – aux chaires universitaires, des films hollywoodiens aux manuels scolaires, le patronat américain a dépensé des millions pour transformer une doctrine contestée en dogme. Deux historiens dévoilent cette stratégie de communication sans précédent, dont le contenu, trompeur, continue (...)

Le cadeau de Trump aux Suisses pour le 1er Août

Avec 39 % de taxes douanières supplémentaires sur les importations suisses, notre pays rejoint la queue de peloton. La fête nationale nous offre toutefois l’occasion de nous interroger sur notre place dans le monde. Et de rendre hommage à deux personnalités du début du 20e siècle: Albert Gobat et Carl (...)

Jean-Daniel Ruch

Voyage en vélo à travers la Bulgarie (3 et fin)

Six cents kilomètres séparent Sofia, la capitale, de Velik Tarnovo, au centre-nord de la Bulgarie. En dix-sept jours de vélo, du 17 mai au 3 juin, j’ai découvert un pays attachant et d’une richesse culturelle insoupçonnée. Dans ce troisième et dernier chapitre, je vous propose, entre autres, de rencontrer des (...)

Roland Sauter

Voyage en vélo à travers la Bulgarie

Six cents kilomètres séparent Sofia, la capitale, de Velik Tarnovo, au centre-nord de la Bulgarie. En dix-sept jours de vélo, du 17 mai au 3 juin, j’ai découvert une richesse culturelle insoupçonnée: les fresques des tombeaux thraces, vieux de 24 siècles, un stade et un théâtre romain parfaitement conservés et (...)

Roland Sauter

Faut-il vraiment se méfier de Yuval Noah Harari?

La trajectoire du petit prof d’histoire israélien devenu mondialement connu avec quatre ouvrages de vulgarisation à large spectre, dont Sapiens aux millions de lecteurs, a suscité quelques accusations portant sur le manque de sérieux scientifique de l’auteur, lequel n’a pourtant jamais posé au savant. D’aucun(e)s vont jusqu’à le taxer de (...)

Jean-Louis Kuffer

La responsabilité de Staline dans les millions de morts soviétiques de la Seconde guerre mondiale

La victoire, en 1945, de l’Armée rouge, avec une guerre qui a fait plus de 27 millions de morts soviétiques, a permis à Staline, s’étant nommé «généralissime», de parader en uniforme blanc et de passer pour un grand chef de guerre aux yeux du monde entier. Miracle de la propagande. (...)

Marcel Gerber

Deux écrivains algériens qui ne nous parlent que de l’humain

Kamel Daoud, avec «Houris» (Prix Goncourt 2024) et Xavier Le Clerc (alias Hamid Aït-Taleb), dans «Le Pain des Français», participent à la même œuvre de salubre mémoire en sondant le douloureux passé, proche ou plus lointain, de leur pays d’origine. A l’écart des idéologies exacerbées, tous deux se réfèrent, en (...)

Jean-Louis Kuffer

La république américaine entre dans sa phase Marius et Sylla

Dans la Rome des années 80 avant JC., les rivalités entre Marius, chef inclusif mais vieillissant de la faction populaire, et Sylla, riche jouisseur attaché aux valeurs traditionnelles à la tête des oligarques marquent le début du lent déclin de la République romaine. Toute ressemblance avec des personnages connus d’une (...)

Guy Mettan
Accès libre

Dans l’Antiquité les femmes pouvaient exister autrement que comme épouses

Les visiteurs du site de Pompéi ne pensent pas souvent à regarder au-delà de l’enceinte de la cité. Pourtant, une fois franchies les portes de la ville, on découvre nombre de sépultures qui racontent la société d’alors, et en particulier la place accordée aux femmes.

Bon pour la tête

Histoire et instrumentalisation du concept de «civilisation judéo-chrétienne»

En France comme en Israël, des démagogues plaident aujourd’hui pour la défense de la «civilisation judéo-chrétienne». Ils relancent ce faisant un débat vieux de deux siècles sur les liens entre judaïsme et christianisme. D’abord nourri par la laïcisation des sociétés européennes, puis par la montée du nazisme, ce débat l’est (...)

Bon pour la tête
Accès libre

USA: comme un antique désir d’empire

Le nouveau proche conseiller du président Trump, Elon Musk, fantasme quasi-ouvertement l’Amérique en nouvel Empire romain. Et si les conditions étaient aujourd’hui réunies pour que ses rêves deviennent réalité?

David Verdan

Le trésor volé de la Roumanie

Le vol, dans la nuit du 25 janvier, de plusieurs pièces archéologiques roumaines prêtées à un petit musée hollandais, met la Roumanie en émoi. Dans un pays agité par la campagne présidentielle qui s’amorce – les dernières élections ayant été annulées avec l’appui de l’UE – l’affaire prend désormais un (...)

Jacques Pilet

Le monde est un grand hôpital où l’on soigne toujours à tâtons

«Tout dire sur la médecine vécue au quotidien, où cauchemar est plus fréquent que victoire, il y a un siècle comme ce matin»: c’est le propos de Vikenti Veressaïev dans ses Notes d’un médecin, prisées par le public russe (et Tolstoï et Tchékhov à l’unisson) mais suscitant la fureur de (...)

Jean-Louis Kuffer

Enquête sur un suicide dans la mouvance internationale lettriste

Dans son dernier opus, «La désinvolture est une bien belle chose», Philippe Jaenada mène une enquête sur le suicide de Jacqueline Harispe, dite Kaki, jeune femme libre, intelligente, entourée d’amis et amoureuse d’un beau soldat américain, ayant été mannequin chez Dior, et qui, après une soirée arrosée, à l’aube du (...)

Yves Tenret

Pourquoi notre orthographe est si terriblement compliquée

Il y a quelques années, j’ai découvert que la dictée n’était pas un exercice scolaire universel. En Serbie, dès qu’un enfant sait écrire, il sait écrire sa langue. Cela semble une évidence. Pour les francophones, la dictée est une autre forme d’évidence. C’est le pire souvenir des écoliers.

David Laufer