Sean Baker, le dernier des indépendants

Publié le 20 décembre 2017

«On aurait sûrement pu situer ailleurs cette histoire d’une fillette qui vit de manière précaire dans un motel miteux avec sa mère célibataire et sans emploi. Pourtant, j’ai l’impression que c’est la couleur locale qui fait réellement le film.» – © DR

Adepte d'un cinéma discrètement engagé qui explore les marges de la société, cet Américain a fini par se faire remarquer avec l'attachant «The Florida Project». Rencontre avec un auteur à la croisée des chemins

A l’âge des super-blockbusters truffés d’effets spéciaux, de l’ouverture de l’eldorado chinois, du triomphe des séries et de l’essor inexorable du streaming, à quoi ressemble le cinéma indépendant américain? A plus grand-chose: une grande masse informe de quelque 500 films par an, la plupart fauchés et à peine distribués, lorgnant plus ou moins vers Hollywood alors même que le secteur des «films du milieu», pas trop chers et destinés au public adulte, s’effondre. Du coup, les véritables auteurs peinent à émerger. Comme Sean Baker, 45 ans, que l’on découvre enfin à l’occasion de son… sixième long-métrage, The Florida Project, avec Willem Dafoe en tête d’affiche et une petite héroïne renversante.

Cet habitué des festivals, aux films peuplés de personnages modestes «de la vraie vie» (Take Out, montré à Fribourg, Prince of Broadway et Starlet, repérés à Locarno) a connu une chance décisive: la sélection de son dernier opus à Cannes, à la Quinzaine des réalisateurs, exposition aussitôt suivie de nombreux contrats de distribution. Du coup, il a décidé de se lancer dans une tournée européenne pour présenter son travail. L’occasion d’interviewer ce cinéaste d’aspect encore juvénile, élégant et plutôt discret, que l’on n’imaginerait certes pas passer une année auprès de prostituées transsexuelles de Los Angeles comme les protagonistes de son film précédent, Tangerine.

Parmi vos collègues indépendants, il n’y a guère que Hal Hartley, Jonathan Nossiter, Lodge Kerrigan et Todd Haynes qui soient venus jusqu’en Suisse romande. Qu’est-ce qui vous a décidé?

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