Paul Senn, reporter humanitaire
En janvier 1939 au Perthus, à la frontière franco-espagnole, des centaines de photographes et de reporters se pressent pour immortaliser l’arrivée des réfugiés. Des dizaines de milliers de civils, près d’un demi million en tout, fuient l’avancée des troupes franquistes. C’est la fin de la guerre d’Espagne, la Retirada, dont on célèbre cette année le 80e anniversaire. De l’exode le plus important de la première moitié du XXe siècle, on possède des images. Des familles, enveloppées de couvertures, chargées de valises, le plus souvent à pieds, des blessés, des enfants seuls, c’est un chaos indescriptible auquel les autorités françaises doivent faire face, et vite.
Le photographe suisse Paul Senn (1901-1953) a travaillé sur et au milieu de ce chaos, sur les théâtres d’opérations et dans les camps de réfugiés, qui porte les noms tristement célèbres de Rivesaltes, Elne, Banyuls-sur-Mer… Une exposition lui est consacrée jusqu’au 30 septembre au Mémorial du camp de Rivesaltes. Car son témoignage est plus rare, plus précieux. Les camps, construits à la hâte, sur les plages balayées par un vent glacial, deviennent, devant l’objectif de Paul Senn, des images universelles de la misère, de la peur, de la solitude, sont voilées par la mort et la maladie qui rôdent. Vues d’ici, elles sont le terrifiant premier acte des atrocités de la Seconde guerre mondiale. Ces camps serviront, après 1940, à interner les Juifs étrangers et les Tsiganes, dont beaucoup seront ensuite envoyés à Drancy. Les visages amaigris par la faim racontent tous la même histoire,...
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