Les idéologies passées au mixer

Publié le 8 mars 2024
La Ville de Genève et ses associations dans le vent inventent une recette politique: tout mélanger, brasser et servir chaud. Cette semaine se déroulent au bout du lac plusieurs réunions, débats et ateliers sous le titre: «Genre & climat, même combat».

Explication: «Qui est le plus impacté par le changement climatique? Quels sont les liens entre le patriarcat et la situation écologique actuelle? Qui porte la charge mentale du soin à la planète? Comment repenser notre rapport au vivant? Comment faire converger les luttes pour l’égalité et celles pour la préservation de l’environnement?»

Cette prose vous laisse perplexe? Alors ne ratez pas ce workshop: «Atelier en mixité choisie pour hommes pour réfléchir aux notions d’écoféminisme, d’intersectionnalité et de masculinités.» Vous ne pigez rien à ce vocabulaire? Demandez la traduction au Département de l’instruction publique, de la formation et de la jeunesse du canton de Genève qui collabore à ces ateliers, ainsi que la Ville et l’association «DécadréE».

Chacune des préoccupations évoquées dans ce charabia mérite l’attention. L’écoute sérieuse des faits, leur analyse sur des bases solides. Le changement climatique en particulier est une question scientifique sacrément complexe… qui vaut la peine qu’on s’y accroche pour dire des choses sensées. Là, c’est tout le contraire. Il s’agit de brandir des drapeaux entremêlés. Plus de place au doute, cet outil indispensable de la science et de toute pensée indépendante. Plus de place à la controverse, fondement de la démocratie. Plutôt célébrer des causes, devenues des idéologies, les réunir dans un bouquet à la gloire de la bien-pensance. Quiconque tousse devant ces mots bricolés ne peut être qu’un macho persécuteur des femmes ou un climato-sceptique indifférent à l’incendie planétaire.

Foin de réflexions. Vive les slogans. Vive l’idéologie. Le climatisme, le wokisme, ou« l’écoféminisme» si vous préférez. A force de passer tous ces courants au mixer, on tombe dans la bouillie de ce qu’il faut bien appeler, rime oblige, l’obscurantisme.

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