Les couleurs de la modernité

Publié le 26 octobre 2017
C’est certainement l’un des plus beaux poèmes de tous les temps et l’une des œuvres phares du XXe siècle. Je veux parler bien sûr de la Prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France de Blaise Cendras. Et, doit-on ajouter, de Sonia Delaunay. Car l’apport de l’artiste russe à l’édition du texte, sous la forme d’un livre d’artiste, a été tout simplement décisif. Comme le montre l’exposition de la Fondation Jan Michalski, à Montricher, consacrée à cette rencontre entre un poète et un peintre qui a marqué l’histoire de l’art.

Disons-le d’emblée, l’exposition de Montricher est tout à fait exceptionnelle de par la qualité des œuvres et des documents montrés provenant de grands musées, comme Beaubourg, à Paris, mais aussi de collections privées. Elle réunit notamment trois exemplaires de l’édition originale de La Prose du transsibérien – jamais jusqu’à présent autant de spécimen de l’œuvre n’ont été présentés ensemble – ainsi que plusieurs esquisses, aussi bien du poème de Blaise Cendrars (1887-1961) que de l’intervention colorée de Sonia Delaunay (1885-1979). Un ensemble de tout premier plan complété encore par la correspondance autour de l’oeuvre entretenue par les deux amis.
Dès leur première rencontre, en effet, chez Guillaume Apollinaire, en 1913, Blaise Cendrars et Sonia Delaunay vont nouer une amitié complice et féconde. Tous deux, lui, le poète encore inconnu, et elle, l’artiste déjà confirmée, l’une des animatrices

de la scène artistique parisienne, se rejoignent à travers leur amour de la Russie. L’écrivain, originaire de La Chaux-de-Fonds, y a vécu quelques années tandis que Sonia Delaunay y est née et y a passé son enfance. Mais plus encore  ils partagent les mêmes valeurs artistiques, un goût prononcé pour la modernité. Cendrars a publié en 1912, déjà, le poème Les Pâques – dont le titre définitif sera Les Pâques à New York – qui influence durablement le travail d’Apollinaire et ouvre la voie à la poésie moderne; Delaunay, avec son mari Robert, compte parmi les pionniers de l’abstraction. Les deux artistes étaient donc faits pour s’entendre et collaborer.

Sonia Delaunay, Contrastes Simultané: projet d’affiche pour la Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France, 1913. © Pracusa / Miriam Cendrars
Il s’écoulera d’ailleurs moins d’une année entre leur rencontre, en ja...

Ce contenu est réservé aux abonnés

En vous abonnant, vous soutenez un média indépendant, sans publicité ni sponsor, qui refuse les récits simplistes et les oppositions binaires.

Vous accédez à du contenu exclusif :

  • Articles hebdomadaires pour décrypter l’actualité autrement

  • Masterclass approfondies avec des intervenants de haut niveau

  • Conférences en ligne thématiques, en direct ou en replay

  • Séances de questions-réponses avec les invités de nos entretiens

  • Et bien plus encore… 

Déjà abonné ? Se connecter

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires