Au Liban, le Hezbollah pèse encore lourd

Publié le 1 août 2025
A Beyrouth, meurtrie par treize mois de guerre, la cérémonie de l’Achoura, célébrée chaque année par les chiites du monde entier, a pris une tournure politique suite à la mort du leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, tué par les frappes israéliennes. Si sa disparition marque un tournant, la ferveur populaire continue de galvaniser les foules. Reportage.

Que reste-t-il du Hezbollah au Liban? Bombardé sans relâche par Israël depuis des mois, le mouvement est aujourd’hui très affaibli. Son leader adulé, Hassan Nasrallah, a été tué en 2024, et des dizaines de cadres ont également été éliminés. Le gouvernement tente de le désarmer et d'intégrer ses hommes dans l’armée. Dans la vie civile il en va autrement. Le mouvement garde des députés au Parlement et même des ministres au sein du gouvernement. Une grande partie de la population chiite lui reste fidèle, notamment parce que, face à un Etat souvent absent ou défaillant, le Hezbollah est perçu comme un acteur capable d’assurer sécurité, services sociaux et représentation identitaire. La journaliste et photographe haut-savoyarde Sarah Martin a assisté à une cérémonie religieuse qui s’est transformée en acte militant. Elle nous en livre un témoignage à chaud sur la cérémonie de l’Achoura. 
Dans la banlieue sud de Beyrouth, au cœur de Dahieh, les tambours résonnent – graves, profonds – comme un battement de cœur collectif. Ce dimanche 6 juillet 2025, je marche au rythme de la procession chiite d’Achoura, noyée dans une mer noire de fidèles. Hommes, femmes, enfants, tous en deuil, avancent en silence ou en psalmodiant. Les drapeaux jaunes du Hezbollah flottent aux côtés de bannières noires sur lesquelles est inscrit le nom d’Hussein. L’air est lourd, chargé d’encens, de poussière et de mémoire.
Ce matin-là, j’arrive à Dahieh – quartier majoritairement chiite, bastion politique et symbolique du Hezbollah – avec mon ami Hussein, sur les coups de 6 heures. Sa mère, Rabab, nous attend devant un petit restaurant du quartier. Elle prépare des man’ouchés et du café pour les fidèles. C’est une habitude. «On ne peut pas pleurer notre martyr l’estomac vide», souffle-t-elle doucement en re...

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