Le bonheur est chose légère que Joseph Delteil incarnait

© 2019 Bon pour la tête / Matthias Rihs
Figure éminemment originale de la littérature française du XXe siècle, Joseph Delteil (1894-1978), quoique massivement méconnu du grand public actuel, pourrait être dit un grand écrivain mineur – remarquable à la fois par son style et son mode de vie de véritable personnage, pittoresque à souhait –, au même titre qu’un Paul Léautaud ou un Albert Cossery. Comme ces deux derniers à la ville, Delteil figurait, au milieu de ses vignes du Languedoc, une manière d’individualiste à tout crin féru d’amitiés vraies, anarchiste en apparence mais ancré au plus profond de la civilisation paysanne traditionnelle dont il situait le paradis perdu au paléolithique.
Son opposition farouche à une société fondée sur le profit et l’aveugle fuite en avant au nom d’un hypothétique progrès, ses positions incessamment réaffirmées contre la guerre, la violence et la déshumanisation, avaient fait de lui, dans les années 60, une sorte de précurseur de mai 68, un peu à l’image du «philosophe dans les bois» américain Henry David Thoreau, sans qu’il devienne pour autant un «auteur culte» de la jeunesse, et ce malgré ce qu’il y avait chez lui de l’hédoniste, à l’instar de son ami Henry Miller, ou de l’utopiste à pieds nus propre à séduire les hippies.
D’un autre point de vue, l’homme vivant au quotidien comme une espèce de bienheureux avéré, avec sa chère vieille moitié américaine – Caroline Dudley, qui avait introduit la Revue nègre en France –, dans leur mas des environs de Montpellier, d’aucuns le déclarèrent «saint laïc», et voici...
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