La rentrée littéraire en cours sera ce que vous en ferez…

Publié le 5 septembre 2019
Phénomène franco-français à ramifications romandes, la rentrée littéraire d’automne, en phase avec la parisienne «saison des prix», fait désormais l’objet de présentations médiatiques à caractère essentiellement publicitaire, où les livres supposés «cartonner» sont souvent élus sans avoir été lus, sur la foi de rumeurs orchestrées.  Faut-il en rire ou en sangloter? Et comment s’y retrouver?

La rentrée littéraire est-elle un baudruche pleine de vide, comme l’affirmait crânement notre ami Etienne Barilier il y a quelques années dans une chronique relevant de la belle éthique «à l’ancienne», ou faut-il plutôt en jouer de manière plus cynique à la façon d’un Philippe Sollers qui, à la veille d’une autre rentrée, n’hésitait pas à parler de son propre livre à paraître  comme d’un «véritable tsunami éditorial»?
A cette question rapportée au domaine des «plasticiens» à la coule, le défunt Pierre Keller répondait sans hésiter, à propos des étudiants de l’école d’art qu’il avait dirigée à Lausanne, qu’il lui importait de leur apprendre à se vendre avant de se réaliser en tant qu’artistes.
Or, celui qu’on a taxé de «génie» dans nos médias locaux, après l’hommage éploré de nos édiles tous partis confondus à ce présumé «provocateur», représentait à vrai dire la parfaite conformité à l’esprit du temps consistant désormais, précisément, à savoir se vendre dans le seul but de plaire à ceux qui sont supposés consommer les yeux fermés.
Revenant au monde littéraire, on relèvera que le verbe hideux de «cartonner» prolonge l’exercice consistant à se vendre, non plus comme l’effet collatéral qu’a toujours été le succès momentané ou durable d’un livre, mais comme le critère premier d’une appréciation opportuniste soumise au seul règne de la quantité.   
Avatars variés d’une mission impossible
Pour l’avoir pratiqué durant une trentaine d’années, je sais que l’exercice consistant à présenter équitablement une rentrée littéraire relève de la mission difficile, devenue quasiment impossible aujourd’hui pour motifs d’abdication critique plus encore que de surnombre.
Si l’on considère, ainsi, la rentrée littéraire romande des années 60-90, c’est pour s’apercevoir que les parutions de n...

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