La passion de la Suisse pour la guerre de Sécession

Publié le 4 septembre 2017

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Nous sommes en 1865. Aux Etats-Unis, les Etats du nord gagnent la guerre de Sécession et l’esclavage est aboli. La Suisse, elle, sort à peine de sa guerre du Sonderbund. Sous une apparence d’unité, ce petit pays est en proie à de grandes questions sociétales: libéralisme économique, libéralisme politique, conservatisme clérical et égalité des droits. On y discute avec passion de ce qui se passe en Amérique. Pour ou contre l’esclavage.


Traduction et adaptation: Diana-Alice Ramsauer


Avant la lecture de l’article, un petit récapitulatif des faits importants de la guerre de Sécession. © Bon pour la tête


La capitulation de la «Confédération des Etats du sud» emmenée par le Général Robert E. Lee le 9 avril 1865 ainsi que l’assassinat cinq jours plus tard d’Abraham Lincoln, victorieux président de l’«Union», engendra en Suisse un des plus grands mouvements de solidarité jamais connus dans son histoire. Le 4 mai, à Genève, une assemblée populaire de 4000 personnes vote l’envoi une «adresse à la Nation» destinée à l’Amérique unioniste. Trois jours plus tard, la Landsgemeinde de Glaris décide de transmettre à la «plus grande République du monde», ses «vœux cordiaux pour la reconstruction de la paix. Une paix bâtie sur la reconnaissance des droits humains» et lui présente ses «profondes condoléances concernant le crime ignoble» de ce «si grand citoyen qu’était Abraham Lincoln.»

Plus de 300 autres «adresses» de solidarité de ce genre suivront. Les cantons du Mittelland viennent à leur tour exprimer leurs félicitations ainsi que leurs condoléances aux Etats du nord pendant leur séance d’élections communales. Même le chœur d’hommes d’Herzogenbuchsee s’y met: son message porte 143 signatures et il fête cet événement comme une «victoire de l’Humanité».

A Fribourg, c’est un professeur radical qui récoltera 556 signatures pour son message, auquel adhérent même...

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