L’ultra-endurance transposée à l’écriture

Publié le 16 juin 2023
Avec son premier roman paru en octobre 2021 aux éditions Slatkine sous le titre «Malatraix», Emmanuelle Robert décroche une mention spéciale du jury du Prix du livre de montagne au Festival international du film alpin des Diablerets. Et nous emmène dans une intrigue rythmée, aux scènes courtes, avec ce qu’il faut de morts suspectes, de relations sexuelles et/ou amoureuses et de personnages contrastés représentatifs des différents courants de notre époque. Entretien.

BPLT: Vous avez écrit un roman extrêmement touffu qui foisonne de personnages. Est-ce qu’ils contribuent tous à faire avancer l’enquête? Ou sinon, quelle est leur utilité romanesque? Servent-ils à brouiller les pistes?
Emmanuelle Robert: Oui, ils sont tous au service de l’intrigue. Dans les livres, ce sont les personnages qui m’intéressent. J’ai été élevée au roman foisonnant, notamment les romans espagnols qui comportent beaucoup de mini-histoires à l’intérieur de la trame principale. C’est comme dans la vie, on a toujours plein d’histoires en parallèle.
Le milieu LGBTQ+ y est très présent. Est-ce un souci d’inclusivité qui vous pousse à vouloir représenter toutes les tendances de notre société?
En fait, je ne le trouve pas si présent que ça. Un roman est une vision du monde et j’ai voulu que mes personnages correspondent aux gens que je rencontre et que je fréquente, qu’il reflète en partie mon regard sur la société. Je suis toujours surprise de l’absence de certains milieux que je fréquente. Pour moi, c’était normal de leur faire une place. Des lecteurs m’ont dit qu’ils avaient eu l’impression de lire un roman qui intégrait leur propre histoire. Ayant commencé ma carrière en défendant les droits humains chez Amnesty international, je suis très imprégnée de cette notion d’égalité des droits et des chances.
En quoi l’intrigue parallèle nourrit-elle l’intrigue principale?
C’est lié à la fois aux personnages qui la portent et à la période dans laquelle elle s’inscrit, à savoir la pandémie, avec toutes ses implications financières.
Votre histoire se situe en effet pendant la pandémie et dans la région de Montreux. Cet ancrage historico-géographique est-il important pour vous?
Oui, très, j’ai imaginé Malatraix à Malatraix et à Montreux. Pour entrer dans l’émotionnel, j’ava...

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