Facebook: un danger public, vraiment?

Publié le 31 août 2020

Poussé de jouer un rôle contre la désinformation, Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, frôle désormais la censure. – M. Zuckerberg lors d’une présentation aux médias en 2019. © Anthony Quintano

Depuis le début de la pandémie, Facebook est pointé du doigt pour son contrôle plus ou moins léger des nombreuses informations qui gravitent sur son réseau. Mark Zuckerberg, initialement frileux à jouer les polices du Web, a fini par durcir le ton dans la lutte contre la désinformation, par le biais de pratiques qui flirtent parfois avec la censure. Mais les efforts déployés ne suffisent pas. L’influence du réseau est hors de contrôle, trop étendue pour son créateur. Toute la question est de savoir si c’est plutôt une bonne ou une mauvaise chose…

«Je crois fermement que Facebook ne devrait pas jouer les arbitres de la vérité de ce que les gens disent sur le Net», déclarait Mark Zuckerberg en mai dernier, prenant ainsi le contrepied du créateur de Twitter qui n’a pas hésité à mettre les bouchées doubles dans la traque aux fake news, dans le but notamment de décrédibiliser Donald Trump. Pourtant, cela fait plusieurs années que Facebook, régulièrement critiqué pour son laxisme, a pris ses responsabilités en partant à la chasse aux fausses informations. Pendant la pandémie, le plan d’action a été renforcé: «Grâce à notre réseau international de fact-checkers, nous avons ajouté des avertissements à 98 millions d’articles de désinformation concernant le Covid et supprimé 7 millions d’entre eux qui représentaient un danger imminent, explique un porte-parole de Facebook. Nous avons dirigé 2 millions de personnes vers les autorités sanitaires compétentes et lorsque quelqu’un essaie de partager un lien concernant le Covid, un pop-up destiné à les connecter aux informations plus crédibles apparait, contenant notamment le contexte de la source et de la date du lien en question.»

Le règlement concernant les publicités a également été renforcé, jusqu’à basculer dans l’incohérence. Il n’est désormais pas possible de «booster» librement une publication qui «exploiterait des crises ou des enjeux sociaux ou politiques controversés à des fins commerciales». Mais des erreurs peuvent être commises et des articles comme celui concernant le business de la peur, publié par L’Impertinent, ont été injustement blacklistés. Facebook propose alors une publication restreinte,...

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