Corruption à Bruxelles. Possible en Suisse? Ah! non! Et pourtant…

Deux constats au passage. Le Parlement de Strasbourg-Bruxelles est souvent décrié comme un machin sans pouvoir. S’il n’en avait pas, on ne l’arroserait pas ainsi. Ces «cadeaux» sont un hommage à son rôle. Par ailleurs, il faut rappeler que sur les 600 députés, une poignée seulement est suspecte. L’affaire ne discrédite nullement l’institution.
Au chapitre de l’influence des puissances étrangères, en Suisse aussi, il y aurait beaucoup à dire. Une autre fois… Restons-en à celle des grandes entreprises. Leur poids est considérable sur les décisions politiques. Mais là, plutôt que d’user du gros mot corruption, parlons d’infiltration.
Dernier exemple en date. Le poste du célèbre Daniel Koch, responsable des maladies transmissibles à l’OFSP au début de la pandémie, est repourvu après un interim. Avec l’arrivée d’une honorable dame, Sandra Bloch, qui a passé 17 ans chez Pfizer, travaillé chez Bayer et ces sept dernières années au sein de l’entreprise biopharmaceutique américaine AbbVie. La nouvelle, révélée par la RTS, n’a fait l’objet d’aucune communication officielle. En Suisse romande, elle n’a été reprise que par 20 Minutes. Elle a néanmoins fait grincer dans les milieux médicaux où l’on aurait souhaité une personnalité indépendante des pharmas, abordant le domaine sous tous ses aspects, y compris la prévention, les traitements traditionnels, sans l’obsession des vaccins, pas toujours indispensables, mais très rémunérateurs pour les entreprises qui en concoctent sans cesse de nouveaux. Ces géants peuvent se royaumer en Suisse. Il y règne une dame formatée chez eux, mise là en douce.
Le tumulte autour de l’affaire bruxelloise est l’occasion de rappeler qu’au chapitre de la corruption et du blanchiment d’argent, Transparency International Switzerland tire un bilan peu réjouissant. Le financement des partis et des campagnes électorales reste opaque. Certes depuis cet automne, les dons au-delà de 15’000 francs doivent être déclarés. Mais les tireurs de ficelles peuvent se montrer bien plus généreux en multipliant ces versements à partir d’un réseau de donateurs. Le lobbyisme n’est pas un mal en soi, il a son rôle dans le jeu démocratique. C’est l’opacité qui le dévoie.
Les gardiens de la transparence ajoutent ce constat: «La Suisse affiche aussi une déficience en matière de transparence des liens d’intérêts des membres du Parlement fédéral, lesquels ont accumulé ces dernières années un très grand nombre de mandats accessoires, souvent rémunérés, ce qui peut donner lieu à des situations délicates de dépendance et d’intérêts croisés. En dépit de cet état de fait, il n’a pas été donné suite à l’initiative parlementaire déposée par le conseiller aux Etats Rieder, laquelle visait à interdire l’acceptation de mandats rémunérés présentant un lien avec la qualité de membre d’une commission. En conséquence, le Parlement a maintenu le système actuel insatisfaisant, basé sur les déclarations annuelles des député-e-s concernant leurs liens d’intérêts, lesquelles ne s’étendent toujours pas aux rémunérations perçues et ne font l’objet d’aucun contrôle.»
Alors oui, on est très loin de la corruption style pieds nickelés de Mme Kaili et sa bande. Mais il se pourrait que l’infiltration à des postes-clés, l’arrosage opaque du champ politique, soient en fait plus efficaces pour atteindre les objectifs des personnes, des entreprises et des groupes d’intérêts disposant d’une force de frappe financière.
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