Coronavirus sur le drapeau chinois: Pékin exige des excuses

Publié le 1 février 2020
Les autorités chinoises ont demandé mardi au quotidien danois Jyllands-Posten de présenter ses excuses pour une caricature représentant le drapeau chinois orné de petits coronavirus à la place des 5 étoiles habituelles. Les médias et la plupart des politiciens danois appellent à défendre la liberté de la presse. S'agit-il vraiment d'un manque d'empathie, comme l'assure le gouvernement chinois, ou simplement d'une vision différente de la liberté?

Les différences culturelles ne sont pas tout, répond le journal danois Jyllands-Posten, qui rejette les remontrances de Pékin après avoir publié lundi dernier une caricature du drapeau chinois: le fond rouge et 5 virus en lieu et place des étoiles, allusion à l’épidémie de coronavirus.Une illustration qui a déclenché la colère de Pékin. Le dessin, signé Niels Bo Bojesen, a immédiatement suscité la réprobation de l’ambassade de Pékin à Copenhague.

«C’est une insulte à la Chine et ça fait mal au peuple chinois». Un exemple de satire «sans aucune solidarité ni compassion», poursuit la déclaration, c’est pourquoi des «excuses publiques» ont été exigées par les autorités chinoises.

Tout aussi indignée a été la réponse du journal: «D’aucuns imputent la réaction de Pékin à des différences culturelles et aux conceptions différentes de la signification du drapeau. Mais il est également connu que les différences culturelles impliquent une perception différente des libertés», rapporte le journal danois. Et ce dernier poursuit en rappelant la répression de la Chine contre les médias dans le pays et au-delà: «On sait également que l’État chinois a intensifié ses efforts pour réprimer la liberté d’expression en Chine afin de chercher, à toute occasion, à faire pression sur les États, les médias et la vie culturelle à travers le monde au profit des intérêts chinois. Dans ce contexte, il est encourageant de constater le plein soutien de la liberté d’expression des politiciens danois et du gouvernement danois, qui a connu l’influence chinoise sur la liberté d’expression lors de l’affaire du Tibet».

Le journal de centre-gauche Politiken a publié en soutien, deux jours après, la même image du drapeau chinois aux coronavirus.

Parmi les hommes politiques danois qui ont pris le parti du journal, on trouve Soren Pape Poulsen, chef du parti conservateur, qui écrit dans un tweet: «Soutien total au Jyllands-Posten». Une position également soutenue par la Première ministre danoise, sociale-démocrate, Mette Frederiksen, qui revendique la «liberté d’expression et de conception» au Danemark.

En 2005, le Jyllands-Posten avait ouvert une crise diplomatique avec les pays arabes pour avoir publié 12 caricatures de Mahomet, dont l’une représentait le prophète islamique avec une bombe sur la tête au lieu d’un turban. L’auteur du dessin, Kurt Westergaard, a pris sa retraite il y a 10 ans et a toujours dit qu’il ne regrettait pas la caricature.

Des épisodes similaires se sont également produits en Angleterre, où le directeur du Evening Standard, George Osborne, a fièrement tweeté une bande dessinée de son journal: un rat affublé d’un masque, une manière célébrer le nouvel an lunaire chinois, l’année du Rat.

Pour l’instant, on ne sait pas si les autorités chinoises en Angleterre l’ont appréciée.


Pour lire la réaction du journal danois, c’est par ici.

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

À lire aussi

Santé

Le parlement suisse refuse de faire baisser les coûts de la santé

Chaque année, à l’annonce de l’augmentation des primes d’assurance maladie, on nous sert comme argument l’inévitable explosion des coûts de la santé. Or ce n’est pas la santé qui coûte cher, mais la maladie! Pourtant, depuis des années, une large majorité de parlementaires rejette systématiquement toute initiative en lien avec (...)

Corinne Bloch

Une société de privilèges n’est pas une société démocratique

Si nous bénéficions toutes et tous de privilèges, ceux-ci sont souvent masqués, voir niés. Dans son livre «Privilèges – Ce qu’il nous reste à abolir», la philosophe française Alice de Rochechouart démontre les mécanismes qui font que nos institutions ne sont pas neutres et que nos sociétés sont inégalitaires. Elle (...)

Patrick Morier-Genoud
Accès libre

PFAS: un risque invisible que la Suisse préfère ignorer

Malgré la présence avérée de substances chimiques éternelles dans les sols, l’eau, la nourriture et le sang de la population, Berne renonce à une étude nationale et reporte l’adoption de mesures contraignantes. Un choix politique qui privilégie l’économie à court terme au détriment de la santé publique.

Sorj Chalandon compatit avec les sinistrés du cœur

Après «L’enragé» et son mémorable aperçu de l’enfance vilipendée et punie, l’écrivain, ex grand reporter de Libé et forte plume du «Canard enchaîné», déploie une nouvelle chronique, à résonances personnelles, dont le protagoniste, après la rude école de la rue, partage les luttes des militants de la gauche extrême. Scénar (...)

Jean-Louis Kuffer

Démocratie en panne, colère en marche

En France, ce n’est pas tant le tourniquet des premiers ministres et la détestation de Macron qui inquiètent, c’est le fossé qui se creuse entre la société et le cirque politicien, avec son jeu d’ambitions qui paralyse le pays. Le tableau n’est guère plus réjouissant en Allemagne, en Grande-Bretagne, en (...)

Jacques Pilet
Accès libre

Nos médicaments encore plus chers? La faute à Trump!

En Suisse, les médicaments sont 50 à 100 % plus coûteux que dans le reste de l’Europe. Pourtant, malgré des bénéfices records, les géants suisses de la pharmaceutique font pression sur le Conseil fédéral pour répercuter sur le marché suisse ce qu’ils risquent de perdre aux Etats-Unis en raison des (...)

Christof Leisinger

USA out, Europe down, Sud global in

Le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai et les célébrations qui se sont tenus en Chine cette semaine témoignent d’un nouveau monde. L’Europe n’en fait pas partie. A force de pusillanimité, d’incompétence géopolitique et à trop jouer la carte américaine, elle a fini par tout perdre. Pourtant, elle persévère (...)

Guy Mettan
Accès libre

L’individualisme, fondement démocratique, selon Tocqueville

Notre démocratie est en crise, comment la réinventer? Que nous enseignent ceux qui, au cours des âges, furent ses concepteurs? Pour le penseur français Alexis de Tocqueville (1805-1859), l’individualisme et l’égalisation des conditions de vie sont deux piliers essentiels de la démocratie.

Bon pour la tête
Accès libre

La politique étrangère hongroise à la croisée des chemins

Pour la première fois en 15 ans, Viktor Orban est confronté à la possibilité de perdre le pouvoir, le parti d’opposition de Peter Magyar étant en tête dans les sondages. Le résultat pourrait remodeler la politique étrangère de la Hongrie, avec des implications directes pour l’Union européenne.

Bon pour la tête

Ma caisse-maladie veut-elle la peau de mon pharmacien?

«Recevez vos médicaments sur ordonnance par la poste», me propose-t-on. Et mon pharmacien, que va-t-il devenir? S’il disparaît, les services qu’ils proposent disparaîtront avec lui. Mon seul avantage dans tout ça? Une carte cadeau Migros de trente francs et la possibilité de collecter des points cumulus.

Patrick Morier-Genoud
Accès libre

Les fonds cachés de l’extrémisme religieux et politique dans les Balkans

L’extrémisme violent dans les Balkans, qui menace la stabilité régionale et au-delà, n’est pas qu’idéologique. Il sert à générer des profits et est alimenté par des réseaux financiers complexes qui opèrent sous le couvert d’associations de football, d’organisations humanitaires et de sociétés actives dans la construction, l’hôtellerie ou le sport. (...)

Bon pour la tête
Accès libre

Les Suisses ne tirent aucun avantage des coûts élevés de la santé

Les primes d’assurance maladie devraient à nouveau augmenter de 4 % en 2026. Or il n’existe aucune corrélation entre les coûts de la santé et la santé réelle d’une population, ni avec son espérance de vie. La preuve? En Grande-Bretagne, le nombre de décès liés au cancer est inférieur à (...)

Urs P. Gasche

Les empires sont mortels. Celui de Trump aussi

Dans mon précédent papier, j’ai tenté de montrer comment la république impériale américaine (selon le titre d’un livre de Raymond Aron publié en 1973 déjà!) était en train de se transformer en empire autoritaire et velléitaire sous la férule Sa Majesté Trump 1er. Bonne nouvelle: les empires sont mortels et (...)

Guy Mettan
Politique

France-Allemagne: couple en crise

De beaux discours sur leur amitié fondatrice, il y en eut tant et tant. Le rituel se poursuit. Mais en réalité la relation grince depuis des années. Et aujourd’hui, l’ego claironnant des deux dirigeants n’aide pas. En dépit de leurs discours, Friedrich Merz et Emmanuel Macron ne renforcent pas l’Europe.

Jacques Pilet

Cinq ans après, quel bilan peut-on tirer de la crise Covid?

Sur le site «Antithèse», deux entretiens, avec Pierre Gallaz et Frédéric Baldan, abordent les enjeux qui ont entouré cet événement majeur de notre histoire récente et dénoncent la domination d’un récit officiel soutenu par les autorités et les médias au dépend d’un autre point de vue, solide mais censuré, et (...)

Martin Bernard

Affaire Vara: telle est prise qui… Tel est pris aussi

Les vacances à Oman de la conseillère d’Etat neuchâteloise Céline Vara lui valent un tombereau de reproches. Il s’agit pourtant d’un problème purement moral qui pourrait très bien revenir en boomerang vers celles et ceux qui l’agitent. Ce billet d’humeur aurait aussi pu être titré «fétichisation des convictions politiques».

Patrick Morier-Genoud