Greta Thunberg: l’envers du décor

Publié le 7 février 2019

La start-up «We don’t have time» visant à sauver le climat en agissant sur les réseaux sociaux à l’international tirerait-elle les ficelles de Greta Thuberg et de sa médiatisation? – © Wikimedia Commons, CC 1.0

La Suédoise Greta Thunberg est devenue un symbole de la lutte pour sauver le climat. Pourtant, derrière cette fille surmédiatisée, se cache une start-up, «We don’t have time». Bon pour la tête s’est intéressé à des indices permettant de dessiner un lien clair entre cette entreprise «pour la bonne cause» et la jeune Suédoise.

Quand on assiste aux interventions de Greta Thunberg, on ne peut s’empêcher de remarquer aussitôt son côté attachant, mais aussi son aisance langagière, son assurance, alors même que c’est une mineure et une fille légèrement autiste qui s’adresse à l’ONU ou au World Economic Forum. La jeune Suédoise en jette par le caractère mature et direct de ses propos. Omniprésente dans les médias ces dernières semaines, elle est devenue pour beaucoup le porte-parole du combat pour le climat devant prendre la forme d’une pression auprès des puissants.

Une anguille sous roche?

Derrière la conviction de cette fillette qui ne peut que nous toucher, n’y aurait-il pas cependant un système caché et responsable de cette vitrine médiatique? Cette crainte s’avère justifiée quand on s’intéresse au site internet de la start-up suédoise «We don’t have time». Son responsable marketing et développement durable Mårten Thorslund – comme l’a relevé Nicolas Casaux sur le site Le Partage dans son papier «Quelques remarques sur Greta Thunberg et Extinction Rebellion» – est la personne qui a pris les première photos de Greta ayant fait le tour du Web. Cette start-up visant à sauver le climat en agissant sur les réseaux sociaux à l’international tirerait-elle les ficelles de la jeune convaincue et de sa médiatisation?

Nicolas Casaux mentionne un autre élément qui peut nous faire pencher vers l’affirmative: l’un des principaux fondateurs de la start-up, Ingmar Rentzhog, a été formé par l’ONG «The Climate Reality Project», qui a pour objectif de donner des clefs de rhétorique et de persuasion pour sensibiliser un public au développement durable. Le fondateur de cette ONG? L’ancien vice-président des Etats-Unis Albert Arnold Gore Junior, dit Al Gore. Outre ce parfum qui fait écho à l’aisance de Greta, il se trouve que la jeune fille a partagé une photo sur Twitter la montrant aux côtés d’Al Gore. On peut d’ailleurs profiter de faire une moyenne du nombre de twitts quotidien de cette adolescente de seize ans: entre 5 et 10.

Par ailleurs, la mère de Greta, une chanteuse d’opéra à succès, est signataire d’un plaidoyer pour «une économie à faible émission de carbone» aux côtés d’un certain… Ingmar Rentzog. Nous y revenons. Loin de rendre illégitimes les craintes exprimées par la jeune Greta, ces informations permettent cependant de mettre en lumière la face insidieusement camouflée de ses interventions dont on ne retient que la dimension spontanée et héroïque. Sur le site de «We don’t have time», Greta n’est pas mise en avant du tout: il faut aller fouiner dans l’onglet vidéo pour la voir apparaître, discrètement, dans le quinzième document. Et sa fonction de «conseillère spéciale jeunesse» relevée par Nicolas Casaux dans l’article susmentionné semble avoir été radiée du site.

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