FILMAR, l’Amérique latine sur grand écran

Publié le 19 novembre 2019
Malgré les barrières économiques et sociales, le talent et la vitalité du cinéma latino-américain sont de plus en plus affirmés. Genève, depuis 1999, propose des films de différents pays d'Amérique du Sud, notamment lors d'un des festivals helvétiques les plus importants: FILMAR, où sont projetés actuellement plus de 80 films qui résonnent avec l'actualité.

Dès le premier jour du festival, je me suis convaincue que les films d’auteur ne sont pas faits pour être vus sur un téléphone portable. Qu'il faut sortir, s'asseoir dans une salle, se laisser aspirer par le grand écran, ne pas se gêner d'éclater de rire ou de fondre en larmes. Permettre à la musique et au son des voix de faire vibrer nos veines et que nos yeux se dilatent comme quand on regarde par le trou d'une serrure. Et vous aimeriez en voir plus. Au FILMAR, à la soirée d’ouverture, plus de 460 personnes pensaient comme moi. «Depuis 21 ans, nous avons une grande famille qui attend cet événement chaque année et ils sont aujourd’hui entre 17 et 20 000 spectateurs à suivre nos projections», explique la directrice Vania Aillon.
Le documentaire qui m'amène à repenser mes habitudes est l'œuvre la plus récente du cinéaste chilien Patricio Guzmán, La Cordillère des songes, présenté et récompensé en mai dernier au Festival de Cannes. Ce film clôt la trilogie qui a débuté en 2010 avec Nostalgia de la luz et s'est poursuivie en 2015 avec El botón de Nácar. Un cinéma engagé qui nous emmène tout au long du territoire chilien et établit une relation entre sa géographie et son histoire: «Si les pierres de la montagne pouvaient parler, elles parleraient de tout le sang versé sur les pavés», dit Guzman dans son documentaire.
Alors que la soirée d'ouverture s'est tenue à Genève vendredi soir, au même moment, Chili il a été décidé d'enterrer la Constitution rédigée sous la dictature d'Augusto Pinochet. Un accord historique.
«Le système de Pinochet se perpétue, sauf qu'il n'y a pas de morts ou de disparus», dit l’un des protagonistes du documentaire de Guzman.
Le film peut être revu vendredi 29 novembre au Théâtre du Bordeau.

Salle comble pour l'ouverture du festival FILMAR à Genève....

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