L’homme qui s’offre en sacrifice

Publié le 7 mai 2021
«Un bon féministe», Ivan Repila, Editions Actes Sud, 256 pages

On sent une crispation, une inquiétude chez certains, un agacement, une colère chez d’autres: les hommes sont nombreux à ne pas comprendre ce qui arrive. Tandis que les femmes, elles, sont nombreuses à ne plus vouloir subir la culture patriarcale et son cortège de harcèlements, d’humiliations, de ça va de soi. Le bon féministe du récit d’Ivan Repila veut à tout prix faire sa part dans la lutte contre les inégalités entre les hommes et les femmes. Le chemin pour y parvenir lui semble trop long, il veut radicaliser le combat. Il fonde – dans un élan paradoxal tout à fait baroque – l’Etat Phallique et devient le pire ennemi de celle qu’il aime et qui est une fervente militante de la cause des femmes. Satire, analyse sociétale et politique, anticipation, humour noir, contre-pied: Un bon féministe va profondément agacer celles et ceux que le changement effraie ou indispose. Certaines féministes vont sans doute critiquer le fait qu’il s’agit du livre d’un homme, présentant les choses d’un point de vue masculin. Les esprits curieux, eux, vont se laisser surprendre et bousculer, ils vont s’amuser et s’interroger. Le monde est ce qu’on en fait.      

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

À lire aussi

Sorj Chalandon compatit avec les sinistrés du cœur

Après «L’enragé» et son mémorable aperçu de l’enfance vilipendée et punie, l’écrivain, ex grand reporter de Libé et forte plume du «Canard enchaîné», déploie une nouvelle chronique, à résonances personnelles, dont le protagoniste, après la rude école de la rue, partage les luttes des militants de la gauche extrême. Scénar (...)

Jean-Louis Kuffer

Un western philosophique où les balles sont des concepts

Le dernier livre d’Alessandro Baricco, «Abel», se déroule au Far West et son héros est un shérif tireur d’élite. Il y a bien sûr des coups de feu, des duels, des chevaux, mais c’est surtout de philosophie dont il s’agit, celle que lit Abel Crow, celle qu’il découvre lors de (...)

Patrick Morier-Genoud

Quentin Mouron ressaisit le bruit du temps que nous vivons

Avec «La Fin de la tristesse», son onzième opus, le romancier-poète-essayiste en impose par sa formidable absorption des thèmes qui font mal en notre drôle d’époque (amours en vrille, violence sociale et domestique, confrontation des genres exacerbée, racisme latent et dérives fascisantes, méli-mélo des idéologies déconnectées, confusion mondialisée, etc.) et (...)

Jean-Louis Kuffer

Quand Etienne Barilier débrouille les «Brouillons» de Lichtenberg

Formidable objet éditorial résultant de l’accointance éclairée des éditions Noir sur Blanc et du romancier-essaysite-traducteur-préfacier et (prodigieux) annotateur, la première intégrale en langue française des cahiers scribouillés du génial polygraphe scientifico-poétique, folle figure de sage des Lumières, apparaît, bien au-delà de ses recueils d’aphorismes, comme un «océan de pensée» fascinant (...)

Jean-Louis Kuffer

Quand Max Lobe dit le Bantou s’en va goûter chez Gustave Roud…

«La Danse des pères», septième opus de l’écrivain camerounais naturalisé suisse, est d’abord et avant tout une danse avec les mots, joyeuse et triste à la fois. La «chose blanche» romande saura-t-elle accueillir l’extravagant dans sa paroisse littéraire? C’est déjà fait et que ça dure! Au goûter imaginaire où le (...)

Jean-Louis Kuffer

Faut-il vraiment se méfier de Yuval Noah Harari?

La trajectoire du petit prof d’histoire israélien devenu mondialement connu avec quatre ouvrages de vulgarisation à large spectre, dont Sapiens aux millions de lecteurs, a suscité quelques accusations portant sur le manque de sérieux scientifique de l’auteur, lequel n’a pourtant jamais posé au savant. D’aucun(e)s vont jusqu’à le taxer de (...)

Jean-Louis Kuffer

Emil Cioran, une biographie en clair-obscur

Les amateurs de vertiges philosophiques connaissent l’œuvre d’Emil Cioran, auteur roumain et français. Du moins quelques-unes de ses formules ramassées et paradoxales. Il n’existait pourtant aucune biographie de ce personnage hors du commun. La voici. Signée Anca Visdei. Arrivée en Suisse, elle aussi de Roumanie, à l’âge de dix-huit ans. (...)

Jacques Pilet

Quand Julien Sansonnens décrit juste une vie dans «Une vie juste»

Après avoir traité de sujets plus dramatiques en apparence, comme dans «L’Enfant aux étoiles» évoquant la tragédie de l’Ordre du Temple solaire, l’écrivain sonde les eaux semblant paisibles, voire stagnantes d’une vie de couple approchant de la cinquantaine, mais les Suisses au-dessus de tout soupçon risquent, eux aussi, de se (...)

Jean-Louis Kuffer

L’ogre, le libraire et l’éditrice

L’année dernière sortait «Samira au pouvoir», ouvrage d’un auteur jurassien resté quelques temps mystérieux et édité, par manque de moyens, par le service d’autoédition du géant américain Amazon. Un choix qui coûtera cher à la petite maison d’édition suisse Zarka et l’entraînera dans une aventure qui rend compte des difficultés (...)

Marta Czarska

Aux USA, la chasse aux livres «dangereux» se renforce

Des auteurs supprimés, comme Noam Chomsky ou Anne Frank. Des sujets bannis, comme l’avortement et l’homosexualité, la lutte contre les discriminations et celle contre le racisme. Nos confrères du magazine italien «L’Espresso» relatent comment, dans l’Amérique trumpienne, des bibliothèques sont épurées de livres jugés dangereux pour la suprématie américaine.

Patrick Morier-Genoud

La saignée de l’affreux «Boucher» tient de l’exorcisme vital

A partir de faits avérés, la prolifique et redoutable Joyce Carol Oates brosse, de l’intérieur, le portrait d’un monstre ordinaire de la médecine bourgeoise, qui se servait des femmes les plus démunies comme de cobayes utiles à ses expériences de réformateur plus ou moins «divinement» inspiré. Lecteurs délicats s’abstenir…

Jean-Louis Kuffer

Un OVNI littéraire tombe sur la Suisse. Gros dégâts

Les Editions Zarka publient «Samira au pouvoir» de la mystérieuse Daniela Cattin, une autrice jurassienne, parait-il. L’intrigue de son récit débute le 1er août, sur la prairie du Grütli, avec la découverte d’un mort nu, percé à l’arbalète, attaché contre un arbre.

Jacques Pilet

Lire «Vivre», de Boualem Sansal, participe de sa libération

L’arrestation du grand écrivain algérien, le 16 novembre dernier à Alger, relève à la fois de l’infamie et de la logique d’Etat, s’agissant d’un opposant déclaré plus virulent même qu’un Salman Rushdie. Mais comment enfermer ses livres? Et que pèsent les décisions de mafieux gouvernementaux dans la balance des destinées (...)

Jean-Louis Kuffer

«Emmanuelle» 2024, le désir en question

Réinterprétation plutôt que remake, l’«Emmanuelle» d’Audrey Diwan avec Noémie Merlant surfe sur le vague souvenir du film-phénomène d’il y a 50 ans. Entre porno soft et discours féministe, ce film réimaginé à Hong Kong plutôt qu’en Thaïlande n’est pas sans intérêt. Mais son exploration d’un désir féminin enfin délivré du (...)

Norbert Creutz

Iran, la révolte des femmes

Avec «Les Graines du figuier sauvage», Mohammad Rasoulof signe un puissant réquisitoire contre le régime des mollahs iranien, en s’inspirant du mouvement des femmes qui avait fait suite au meurtre de la jeune Mahsa Amini par des «gardiens de la révolution». Mélange de frontalité et de subtilité, ce film qui (...)

Norbert Creutz

Inquiète pour l’avenir, Prune milite pour la Fesse Populaire

Les tragi-comiques péripéties de la famille Schinken Pochon ///// Les succès électoraux du Rassemblement National français dépriment Prune et son amante. Les lits «anti-sexe» du village olympique des prochains JO aussi. Mais entre elles, le désir est toujours de mise, au grand dam de Nadège. Pour la grève féministe du (...)

Patrick Morier-Genoud