Ceux qui, au cœur de la disgrâce, célèbrent la beauté du monde

© Matthias Rihs
Quel rapport entre la repousse d’une frêle fleur blanche dans une chambre confinée, en avril dernier, la cavalcade soudaine sous l’orage de quelques vaches semblant battre des ailes comme des anges à gros culs, deux jeunes homosexuels (dont un handicapé à gestes de crustacé fébrile et sourire hilare) enlacés sur un banc du jardin parisien des Tuileries et se roulant des pelles sans se cacher, un champ d’oliviers aux troncs torsadés, une trisomique au crâne rasé dansant en tenue légère de fille-fleur et le vieux Soljenitsyne dans le sous-bois d’une forêt moscovite – quel autre lien que l’exclamation de ce témoin dantesque des enfers du XXe siècle: «Comme le monde est beau!»
Pendant que le monde en question se trouvait confiné et comptait ses morts, en avril dernier, le poète de cinéma Germinal Roaux filmait des fleurs et des nuages avec son smartphone, filmait un agneau pascal endormi dans l’herbe, filmait son ombre par terre aux yeux de petites fleurs blanches, filmait la percée du soleil dans les hautes frondaisons touchant le ciel, filmait le vent et son violent tumulte, filmait l’éclosion en gloire des fleurs de cerisiers, filmait l’eau déferlante d’un ruisseau, filmait sa propre allégresse de filmer l’éveil du printemps à valeur de retour à la simple vie. On dit volontiers, à ce propos, que le grand art est le plus simple. Or les 16 minutes de Revoir le printemps relèvent, à mes yeux, du grand art.
La voix douce de Germinal nous interpelle d’emblée comme en...
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