«Quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver»

Baldur von Schirach joignant le geste à la parole. – © DR
Cet article, signé Jean-Christophe Piot, a été publié sur Mediapart le 12 août 2019
Bon résumé du mépris manifesté par le régime nazi vis-à-vis de tout ce qui ne relevait pas de l’art officiel – en gros, tout ce qui n’était pas «purement aryen» –, la formule exprime en creux l’idée que la force prime l’art et que la brutalité l’emporte sur l’éducation.
La formule est tellement puissante qu’elle a été maintes et maintes fois reprise, déformée, détournée ou renversée par des humoristes comme Francis Blanche («Quand j’entends le mot revolver, je sors ma culture».)
Et le plus frappant tient au fait que la phrase a à la fois servi aux nazis et à leurs adversaires.
Pour les premiers, la formule pourrait presque servir de résumé à leur projet politique et racial. Elle assume ce qu’ils estiment être l’identité originelle profonde de la «race allemande»: une violence sauvage, dépouillée du vernis culturel chrétien et de deux ou trois détails comme l’humanisme ou les Lumières.
En substance, l’expression assumée du véritable caractère allemand consisterait à prendre ce qu’on veut prendre par la force – par droit naturel en somme –, sans se soucier de babioles comme la littérature, la peinture, la musique ou la littérature, vues comme autant de freins à une forme de darwinisme social et racial où le plus fort a tous les droits sur le plus faible, y compris celui de l’exterminer.
Pour leurs adversaires et leurs vainqueurs,...
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