«Il y a quelque chose de revendicatif dans ma Bécassine!»

Publié le 19 juin 2018

Bruno Podalydès: «Quand on porte une BD à l’écran, il faut la prolonger, pas seulement chercher à en traduire les images comme on suivrait un storyboard.» – © PRAESENS FILM

Bruno Podalydès réhabilite la première véritable héroïne de la bande dessinée dans un film d'autant plus délicieux qu'il parait d'une totale inactualité. De ce personnage souvent considéré comme dépassé il a tiré une étonnante comédie familiale dont le charme le dispute à la finesse.

Il fallait oser! Qui aurait parié un centime sur une nouvelle adaptation de Bécassine, la bande dessinée de nos (arrière)-grand-mères? Créée en 1905 dans le magazine «La Semaine de Suzette» pour ne disparaître que soixante ans plus tard, la brave domestique bretonne du dessinateur Joseph-Porphyre Pinchon, aussi maladroite que gentiment naïve, a beau être devenue une figure du patrimoine collectif français, on la pensait définitivement ringardisée. C’était compter sans un certain Bruno Podalydès, valeur sûre de la comédie d’auteur française (Dieu seul me voit, Adieu Berthe, Comme un avion) qui avait déjà réussi sa reprise du Rouletabille de Gaston Leroux (Le Mystère de la chambre jaune, Le Parfum de la femme en noir) – un contemporain de Bécassine. Grand amateur de BD au même titre que son parrain en 7e art, feu Alain Resnais, le frère aîné du comédien Denis Podalydès aime à l’évidence les classiques de la littérature populaire. S’il semble aussi préférer la France profonde, c’est avec autant d’ironie que de nostalgie, ce qui évitera toujours à son cinéma le fond rance d’un Jean Becker. Mais de là à jeter son dévolu sur la figure controversée de Bécassine, il y avait un mystère qui demandait éclaircissement, d’où l’envie de cette rencontre, qui s’est déroulée dans un multiplexe anonyme, en pleine tournée promotionnelle.

Vous revenez ces jours avec le «reboot» d’une «franchise», comme disent les Américains. Auriez-vous retourné votre veste?

Ha ha! Ce n’est pas tout faux, dans la mesure où la proposition est venue de ma productrice,...

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