La Chine inaugure le fichage intégral

Publié le 23 mars 2018

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On a beaucoup parlé des trollers russes. On découvre maintenant les agissements de Cambridge Analytika, une entreprise anglo-américaine proche de Trump, spécialisée dans les manipulations politiques à grande échelle grâce à Facebook. Ces ficheurs font figure de petits amateurs en comparaison des services de police chinois. Ceux-ci mettent en place un système de «notation sociale» des citoyens. Les cancres seront interdits de voyage. A l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Une première. Aucun régime totalitaire n’est allé aussi loin dans l’espionnage individuel.

Les médias dominants sont d’une retenue remarquable quand il s’agit de la Chine. De la récente assemblée nationale, simulacre de parlement qui réunit une fois par an 3000 députés, il a été retenu le triomphe du président Xi Jinping a été autorisé à rester au pouvoir aussi longtemps qu’il le souhaite. On a moins parlé de diverses mesures qui achèvent la fusion totale de l’Etat et du parti communiste qui aura par exemple le monopole de la lutte anti-corruption, dont le président use comme outil politique pour éliminer les rivaux. Les observateurs ont aussi relevé que la Chine s’affirme plus que jamais comme une puissance militaire aux grandes ambitions géo-stratégiques.

A chacun sa «note sociale»

En revanche, une autre annonce, le 16 mars, n’a fait aucun bruit. Dès le mois de mai, les Chinois ne pourront plus prendre le train et l’avion si leur «note sociale» est douteuse. Il s’agit d’un vaste système, mis en place dès 2014, qui sera complètement opérationnel et obligatoire en 2020. Tout écart de conduite, abuser de l’alcool, mal garer son vélo, se bagarrer en ville, et a fortiori surfer sur les rares sites critiques encore accessibles (il n’y en a quasiment plus), tout cela est enregistré dans un fichier géant accessibles à diverses autorités, en particulier celles qui contrôlent les déplacements des citoyens. Les fautifs restent sanctionnés «si leurs excuses ne sont pas jugées sincères». 

Dans les années qui suivirent le massacre de la place Tian’anmen (1989), certains espaces de...

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