L’Iliade selon Voïta

Publié le 26 février 2018
Au Kléber-Méleau, Michel Voïta parle avec passion de ce texte d’Homère qui s’est d’abord transmis dans l’oralité.

Le hall d’entrée du TKM est absolument magnifique.
Michel Voïta est un habitué des lieux depuis plusieurs semaines: il prépare la mise en scène de L’Iliade le choix d’Achille. A quelques heures de la première, il y a de la nervosité dans l’air.  On ne remanie pas un texte vieux de 3000 ans sans crainte d’abîmer les héros. Dans cette version que propose Voïta, (co-écrite avec Domenico Carli) le metteur en scène a délibérément supprimé les dieux, pour responsabiliser davantage les personnages d’Homère.
Fort d’une dizaine de mises en scène, Michel Voïta aime le théâtre et les comédiens. Il considère que le jeu théâtral est un acte de désobéissance. Il se moque en sourdine des mises en scène trop lourdes et préfère un théâtre voyou, refuse la lourdeur tout en restant extrêmement exigeant. Il sait mieux que quiconque qu’un spectateur qui renonce au théâtre mettra des années à y revenir.
Il parle avec passion de ce texte d’Homère qui s’est d’abord transmis dans l’oralité. Me rappelle au passage que les gens ont perdu en mémoire lorsqu’ils se sont mis à lire. Et cette grande question qui traverse la pièce et la vie elle-même: est-il préférable de vivre une vie courte et bien remplie, plutôt qu’une vie longue sans défis ni émotions? Il reconnaît que c’est une question qui le taraude et qu’il a mis beaucoup de son inconscient dans ce texte revisité.
Jusqu'à la première, tout reste secret
Il ne joue pas dans la pièce, considérant que cette machine est trop lourde pour faire les deux. Il dirige sept comédiens dans L’Iliade et on sent que Michel Voïta a l’humilité des grands lorsqu’il refuse de se faire photographier seul pour illustrer cette chronique. Décorateur, éclairagiste, costumière, il souligne l’importance de chacun pour cette mise en scène. Les commentaires qui fusent ...

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