Guerre mondiale pour le contrôle des esprits

Publié le 19 avril 2024

© Max Muselmann – via Unsplash

Les gouvernements occidentaux soutiennent une myriade d'entités luttant contre les «récits contradictoires». L'une de ces entités, fondée en 2018: le Global Disinformation Index (GDI).

Un système mondial de censure a été mis en place par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Union européenne pour contrer les voix jugées discordantes. C’est ce qu’explique Freddie Sayers, fondateur du média britannique UnHerd dans une vidéo publiée le 16 avril.

Sous couvert de lutter contre la «désinformation», des entités comme le Global Disinformation Index (GDI) traquent les «récits contradictoires» («adverserial narratives»), c’est-à-dire remettant en question les positions officielles sur des sujets comme les droits LGBTQI+, le changement climatique, le Covid-19 ou la guerre en Ukraine.

GDI est une entreprise enregistrée au Royaume-Uni. Fondée en 2018, elle a pour but de perturber le modèle économique des médias propageant de la «désinformation» en ligne, en les privant de financement (concrètement: en avertissant les agences de publicité que ces médias ont une image dangereuse, et qu’il est donc préférable de ne pas signer de contrats publicitaires avec eux). 

GDI utilise une IA pour scanner le web et dénicher les publications douteuses selon ses critères. L’organisation a été fondée par Clare Melford et Daniel Rogers. Un rapide coup d’œil à leur biographie révèle quels sont les intérêts derrière GDI et les autres outils de suppression des «récits contradictoires». 

Clare Melford, selon sa bio du WEF, «a dirigé la transition du Conseil européen pour les relations internationales (European Council on Foreign Relations), qui faisait partie de la Fondation Open Society de George Soros, vers un statut indépendant». Daniel Rogers a, avant de co-fonder GDI, lancé Terbium Labs (revendue depuis à Deloitte), une startup spécialisée dans la sécurité de l’information et le renseignement sur le dark web. Il a aussi travaillé au sein de la «communauté du renseignement américain»

De fait, GDI est ou a été financé par la Fondation Open Society de Soros, le Bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth (Grande-Bretagne), l’Union européenne, le ministère des Affaires étrangères allemand et Disinfo Cloud (une entité créée par le Département d’Etat américain). En 2022, GDI a publié un rapport sur les médias en ligne aux Etats-Unis. Résultat: la plupart des médias classés comme dangereux sont conservateurs ou Républicains, tandis que ceux considérés comme les «moins dangereux» sont plutôt de tendance démocrate. Des titres comme le Daily Wire ont porté plainte contre le Département d’Etat pour violation de la liberté d’expression garantie par le 1er amendement de la Constitution américaine. 

GDI n’est que la pointe de l’iceberg d’une myriade d’organisations fondées à partir de 2016, dans le contexte de l’élection de Trump et du Brexit (avec intensification durant la période Covid-19) pour lutter contre la diffusion d’avis et d’opinions jugés «dangereux», car mettant en doute les positions des gouvernements occidentaux et de leurs réseaux d’intérêts corporatistes.

Ce n’est que le début d’une guerre cognitive visant à contrôler le cerveau des gens, en particulier sur les réseaux sociaux. Des armées de trolls, recrutés par des organisations comme GDI, viendront manipuler les opinions. Les humains les plus fragiles et frustrés pourront être ainsi radicalisés.

Quel contre-pouvoir pourra être opposé à cette guerre, afin de ramener ces nouvelles générations à la réalité? Il faudra des armées de véritables «débunkers» pour désactiver les trolls et les intérêts qui les financent. Il faudra aussi une éducation extrêmement pointue aux réalités des médias et de cette guerre cognitive.

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