Logement: l’autre visage de Lisbonne

Publié le 26 janvier 2024
Dans la capitale portugaise, la crise du logement fait rage. Le tourisme de masse a vidé le centre-ville de ses habitants; les appartements en location de courte durée, les commerces de luxe et restaurants destinés aux touristes fleurissent partout. Les loyers flambent, et les expulsions sont de plus en plus fréquentes, parfois sans solution de relogement. Dans les banlieues, ce sont les habitats auto-construits et occupés par les plus modestes qui sont l’objet de la convoitise des promoteurs. Peu à peu, les Lisboètes s’organisent pour défendre leur droit au logement.

De la fenêtre du cinquième étage d’un immeuble, derrière les silhouettes des entrepôts et des grues du port, on aperçoit le Tage, large comme une mer. Le centre de Lisbonne est au-delà des hautes constructions, il semble loin mais il est plus proche qu’on ne le pense. Ici aussi, les loyers ont grimpé en flèche, et nombreux sont ceux qui quittent ces immeubles de la classe ouvrière pour des quartiers plus périphériques, peut-être de l’autre côté du grand fleuve.

Au Portugal, le salaire minimum est de 760 euros par mois et 16,4% des Portugais vivaient avec moins de 554 euros par mois en 2021. Les loyers dépassent généralement ces revenus. Dans de nombreuses villes européennes, l’industrie du tourisme et la spéculation chassent les habitants des centres-villes de plus en plus désertifiés. A Lisbonne, ce processus a été particulièrement accéléré et violent, s’imposant dans une réalité déjà marquée par de profondes inégalités. Le centre-ville et certains quartiers historiques, habités par des populations pauvres, immigrées, noires ou roms – où les bâtiments anciens s’effondraient et où les conditions de vie étaient très précaires – ont été profondément transformés et leurs habitants expulsés. Près de la porte d’un immeuble flambant neuf aux couleurs vives s’étale l’inscription «Alojamento Local». Ce sont les appartements destinés aux touristes et aux locations de courte durée.

Alcina, une habitante de Lisbonne qui a été expulsée en raison de la forte augmentation du prix du loyer de la maison où elle vit avec Carlos (son mari), Josè (son père) et leurs deux chiens Snoopy et Nina dans le quartier Arroios du centre-ville. Elle s’exprime lors d’une séance publique de l’assemblée municipale de Lisbonne. © G.S.&D.A.

Lors de la même session de l’Assemblée municipale de Lisbonne, Teresa et Tamara des collectifs Habita et Stop Despejos scandent des slogans contre les expulsions avec Alcina. © G.S.&D.A.

«Je m’appelle Alcina Lourenço». Une femme à l’air déterminé prend la parole sur la scène lors de l’Assembleia Municipal, l’Assemblée municipale de Lisbonne. «Jeudi dernier, j’ai été expulsée avec mon mari, malade du cancer, et mon père de 89 ans, dont je m’occupe», dit-elle. «Nous dormons maintenant dans un Alojamento Local loué jusqu’à samedi prochain, grâce à la solidarité d’une voisine et à une collecte de fonds organisée par Habita et Stop Despejos («Stop aux expulsions», ndlr)». Alcina explique encore que la municipalité ne lui a pas proposé les solutions alternatives adéquates pourtant exigées par la loi. «Notre revenu familial mensuel est de 1’200 euros, poursuit-elle, avec cette somme, il est impossible de trouver un logement dans toute la zone métropolitaine de Lisbonne. Où allons-nous dormir à partir de samedi?» Dans le public, trois jeunes femmes scandent «Stop aux expulsions, droit au logement!» et distribuent des tracts aux personnes présentes. Il s’agit des membres des collectifs Stop Despejos et Habita.

Affiches pour le droit au logement, contre la hausse des prix des loyers et la répression dans les quartiers populaires, sur un mur dans la zone entre Alfama et Vila Candida. © G.S.&D.A.

Au 37 de la Rua Arroios, la porte de l’immeuble est close. A l’intérieur les lumières sont allumées, un seul appartement reste sombre, les fenêtres fermées. Depuis l’âge de six ans, Alcina vit ici avec sa tante, la titulaire du bail, dont le loyer s’élevait à 30 euros par mois pour des raisons sociales. Lorsque la tante d’Alcina est décédée, le propriétaire a refusé d’établir un nouveau contrat et a exigé l’expulsion, bien qu’Alcina ait proposé jusqu’à 700 euros. Cette histoire, des milliers d’autres locataires pourraient en raconter de semblables. Des habitants expulsés parce que les propriétaires veulent louer à des touristes ou à des «digital nomads», ou sont prêts à vendre leur bien à des fonds immobiliers. En descendant vers le Tage, la situation saute aux yeux. Des rez-de-chaussée d’immeubles entiers occupés par des restaurants, des boutiques de luxe ou de grandes marques, tandis que les étages supérieurs sont complètement déserts.

Place Martim Muniz à Lisbonne. © G.S.&D.A.

Une boutique d’artisanat népalais à l’entrée de la place Martim Muniz. © G.S.&D.A.

La longue file de touristes sur la place Martim Muniz attendant de prendre le tramway numéro 28. © G.S.&D.A.

A quelques pas de la station de métro Intendente se trouve le centre social Sirigaita. C’est là que se rencontrent les militants de Stop Despejos. «Quand je suis arrivé à Lisbonne en 2011, il n’y avait pas de travail mais beaucoup de logements vacants et à très bon marché», explique Antonio Gori, membre du collectif. «Avec la grave crise de 2011, le gouvernement a trouvé une opportunité dans l’ouverture au tourisme et aux fonds immobiliers, mais c’est surtout après 2012, avec la libéralisation du marché locatif, puis l’arrivée de Ryanair à Lisbonne en 2013, que la situation s’est rapidement dégradée» raconte-t-il.

«Jusqu’à il y a six ou sept ans, la lutte pour le logement se concentrait sur l’opposition aux expulsions des quartiers auto-construits et la lutte pour des conditions de vie décentes dans les banlieues, explique encore Antonio, mais depuis 2017, nous nous intéressons aussi aux expulsions de locataires dans le centre-ville.» C’est au cours de ces années qu’est né Stop Despejos. Antonio souligne que la crise ne fait que commencer: «80% des Portugais vivent dans une maison dont ils sont propriétaires, mais 94% d’entre eux ont contracté une hypothèque avec des taux variables. En octobre dernier, la Banque centrale européenne a décidé de ne pas augmenter les taux, mais qui sait ce qui peut arriver…»

L’espace social Sirigaita, un centre autogéré situé dans le quartier d’Intendente, où se réunissent également les groupes locaux Stop Despejos et Habita – Vivre. © G.S.&D.A.

Francesco Biagi, chercheur italien vivant au Portugal, militant de l’espace social Sirigaita. © G.S.&D.A.

La churrasqueira est sur le point de fermer. Le serveur, en chemise blanche, apporte le café à la table à la fin du déjeuner. «D’un côté, le centre est occupé par des fonds immobiliers internationaux, qui préfèrent garder les appartements vides», explique Francesco Biagi. 45’000 logements vacants sont en effet recensés dans la municipalité de Lisbonne. «D’autre part, poursuit Francesco, nous assistons à des démolitions violentes de quartiers auto-construits tels que Talude, près de l’aéroport, où les habitants, principalement des Roms, sont généralement laissés sans solution de relogement digne de ce nom».

Francesco cite aussi en exemple le Bairro Jamaica, un ensemble de logements construits illégalement, où la dernière expulsion a eu lieu le 17 octobre dernier. «Ce jour-là, la militarisation du quartier était impressionnante et les amis, les membres de la famille, les sympathisants et les journalistes ont été tenus à l’écart par la police», raconte-t-il. «Environ 30% des habitants de l’un des lots expulsés se sont vu refuser la possibilité de se reloger, et plusieurs familles avec des enfants en bas âge se sont retrouvées sans abri, à la rue».

Le Bairro Jamaica a été créé au milieu des années 1980. Les bâtiments, laissés inachevés après la faillite de l’entreprise de construction, étaient occupés par des personnes sans domicile. Une situation courante à cette époque-là. Le processus d’expansion de la ville de Lisbonne, entamé dans les décennies précédentes, s’était en effet accéléré à partir de 1974, à la fin de la dictature, avec l’effondrement de l’empire colonial portugais. Pour faire face au manque de logements, de nouveaux quartiers auto-construits se sont développés dans les banlieues et des immeubles délabrés du centre de la capitale ont été occupés.

«Les expulsions et les démolitions du Bairro Jamaica suivent le PER, le plan spécial de relogement, mis en place en 1993, mais peu de familles ont été effectivement relogées», explique Ana Rita Alves, chercheuse et activiste. «Il y avait des gens qui vivaient là depuis de nombreuses années mais qui n’étaient pas recensés. Le problème, c’est que les personnes recensées ont droit à une nouvelle solution de logement, ce qui n’est pas le cas de celles qui ne le sont pas. Les autorités ont utilisé cette disparité pour diviser les habitants et briser leur solidarité». La situation a beaucoup changé entre-temps, le nouveau programme de réhabilitation de 2017 a été planifié et lancé avec des fonds provenant d’anciens programmes de logement tels que Prohabita (2004), puis du Programme 1 Direito (2018).

Panneau «droit à un logement digne» à l’entrée du vieux Bairro de Jamaica, installé par la Camara Municipal de Seixal – CMS. Seixal-Lisbonne. © G.S.&D.A.

Ce qui reste du Bairro de Jamaica, qui a été démoli mi-octobre 2023 sur ordre de la Camara Municipal de Sexal. © G.S.&D.A.

Les autorités motivent ces plans par l’insalubrité des bairros, mais pour Ana Rita, il s’agit d’un motif fallacieux: «Avec le temps, il devient clair que les programmes publics de relogement répondent davantage à la construction d’un certain modèle urbain, notamment orienté vers la financiarisation, qu’à l’urgence d’améliorer le quotidien des habitants. On l’observe aussi bien dans le centre que dans les banlieues». Ana Rita cite en exemple le cas du Bairro Santa Filomena, dont les occupants ont été expulsés entre 2012 et 2015, vendu pour 47 millions d’euros. Le but de l’opération: libérer des terrains sur lesquels des maisons de classe moyenne ont pu être construites.

Dans tous ces cas, «ce ne sont pas les habitants qui ont demandé à quitter les quartiers où ils vivaient, c’est l’Etat qui a voulu les en chasser», précise Ana Rita. «Or, chacun a droit à un logement décent.»

«Le terrain sur lequel les maisons sont construites appartient souvent aux habitants, qui se retrouvent ainsi expropriés de ce terrain et sont relogés dans des maisons et des quartiers qu’ils n’ont pas choisis, en payant un loyer qui ne cesse d’augmenter», rappelle Ana. «Cependant, ces expulsions, que les activistes ont dénoncées à plusieurs reprises comme brutales, ne provoquent pas de vague d’indignation», conclut-elle. «Vingt ans de racisme et de déshumanisation empêchent la société de reconnaître les habitants de ces quartiers comme des victimes de violence.»

Une peinture murale portant l’inscription «Lisbontrification» (un jeu de mots avec «gentrification» dans le centre de Lisbonne. © G.S.&D.A.

Une esplanade au milieu d’anciens pâtés de maisons. Du Bairro Jamaica de Seixal, au-delà du Tage, il ne reste que quelques murs et un bâtiment éventré encore habité. Passant devant une grande flaque d’eau, une vieille voiture s’arrête: «Ils ont tout démoli, il ne reste plus que ces deux blocs», indique par la fenêtre l’homme noir au volant. «Sur la droite, il reste encore quelques familles avec des enfants. Il y a des gravas au sol, des chiffons, des poupées cassées, des débris de briques et des fragments de tuiles…» Tout près d’ici, le bras de démolition d’un gros engin repose sur le sol, éteint, comme après une trêve. «Je dois dire qu’ils essaient de proposer des solutions alternatives, ce n’est plus comme avant. Mais la Jamaica est notre maison, nous voulons y rester», dit-il en souriant.

Une balançoire vide se trouve devant les blocs encore debout. A droite, deux maisons basses de plain-pied abritent deux familles. Une femme se tient dans l’embrasure de la porte, devant elle, le vide laissé par les démolitions. Sur le toit de l’immeuble restant, deux hommes étendent du linge pour le faire sécher. Une femme balaie le seuil, deux enfants sont assis près de l’entrée. Sur le mur blanc à leur droite, on peut lire, inscrit en noir, «Um lar para todos», «un logement pour tous».

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