Au pays des passions et des clichés

« El Rio y la Muerte », Luis Buñuel, 1954.
Quel lien entre le drame d’amour et de rivalités rurales Pueblerina (Emilio Fernández, 1949), exaltées par une splendide mise en scène en noir et blanc, et le film de superhéroïne La mujer murciélago (René Cardona, 1968), sorte de Batwoman du pauvre tourné en couleurs à Acapulco? Un même musicien, Andres Diáz Conde, et un même acteur, Robert Cañedo, héros viril et attachant dans l’un et savant fou créateur de monstres dans l’autre – chacun avec plus 300 crédits à leur actif. Ainsi en va le cinéma mexicain d’autrefois, dans cet âge classique où il était le divertissement suprême partagé par les foules et capable de forger un imaginaire collectif.
A Locarno, cet «âge d’or» qui selon les Mexicains eux-mêmes ne va que de 1936 (un essor lié à la Guerre civile espagnole) à 1956 (une crise produite par l’arrivée de la télévision dans les ménages) s’est transfomé en trois décennies, de 1940 à 1969. Une période qui voit l’essor, la splendeur et la décadence d’une industrie et de son personnel, lesquels finiront bousculés et contestés comme un peu partout ailleurs dans le monde. Pas de problème pour le programmateur allemand Olaf Möller, omnivore mu par un esprit de curiosité et de réévaluation qui a pour l’essentiel porté ses fruits.
Certes, même le canon officiel de ce cinéma nous est aujourd’hui à peu près inconnu, d’où une certaine frustration: alors que les principaux films mexicains envoyés dans les festivals étaient distribués à travers l’Europe, leur mémoire s’est dissoute dans les...
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