La leçon d’espoir du Liban meurtri

Publié le 24 février 2023
Comment vivre dans un pays à ce point fracassé? L’Etat est en déliquescence, les services publics en capilotade, les banques volent les épargnants, les prix grimpent et la monnaie s’effondre. Les réseaux d’électricité, de gaz et parfois d’eau sont dans la pagaille. Pourtant les villes restent animées, les campagnes cultivées. La vie continue. Quel est le secret des Libanais?

L’impasse politique paraît totale. Les clans confessionnels et plus ou moins mafieux au pouvoir restent divisés, le Parlement végète et se barricade, la présidence est vacante. La banque nationale – dont le richissime Riad Salamé est le gouverneur depuis trente ans – et les innombrables officines bancaires sont à bout de souffle bien qu’elles aient transféré des sommes considérables à l’étranger. Le quotidien des pauvres et des classes moyennes tourne au casse-tête. Les riches et super-riches continuent d’afficher un luxe insolent. Seuls les endettés se réjouissent: la folle inflation efface leur dû. Des épargnants assaillent les guichets pour récupérer leur argent. Ou brûlent des pneus devant la porte. Il leur est fait parfois une proposition: «vous avez 50’000 dollars ici? On vous en donne 5’000 et on ferme votre compte.»

Le peuple libanais, si divers, si divisé, fait preuve cependant d’une capacité de résistance extraordinaire. Chacun pour soi, chacun dans sa mouvance, mais avec une énergie, une créativité, une débrouillardise qui forcent l’admiration. Faute d’électricité publique, les maisons s’équipent de générateurs et de panneaux solaires. Avec les soutiens de la diaspora – il y a plus de Libanais à l’étranger que dans le pays –, avec l’apport en dollars dits «fresh» des ONG internationales, les chanceux respirent un peu. Et tous travaillent ou tentent de le faire. On se déplace avec des liasses de billets, si possible de 100’000 livres: à peine plus d’un dollar! Tout se paie en cash. Le visiteur informé de cette situation n’en revient pas de trouver à Beyrouth, même dans les modestes quartiers, des restaurants et des magasins fort fréquentés, des embouteillages, des routes surchargées entre les diverses parties du pays. Les gens rencontrés, tous aimables, parlant souvent bien l’anglais et le français, ne se plaignent pas. Mais ils ne cachent pas leur colère.

© J.P.

© J.P.

Signe spectaculaire: autour du Parlement, dans la partie rénovée de la vieille ville, les rues sont vides, bouclées par l’armée, les échoppes de luxe et les hôtels sont fermés. Par crainte des manifestations depuis l’explosion du mécontentement populaire en octobre 2019. Celle-ci est commémorée par un haut poing levé sur la grande place, rappelée aussi par l’édifice couvert de graffitis, abandonné par l’association des banquiers, honnie entre toutes.

Si la société est éparpillée entre mouvances politico-confessionnelles, elle sait aussi se serrer les coudes dans l’épreuve. Aussitôt après l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth, le 4 août 2020, des dizaines de milliers de personnes, beaucoup de jeunes, ont spontanément accouru pour dégager les rues avec de simples pelles. Un peu plus de deux ans plus tard, la plupart des immeubles ont été restaurés. Mais le traumatisme subsiste. D’autant plus que la lumière est loin d’être faite autour de ce dépôt, qui a contenu durant plus de dix ans des matières dangereuses abandonnées, et autour de la cause de l’explosion. Une affaire qui exacerbe encore la polémique entre les clans. Illustration de l’impuissance du gouvernement et de la justice. Une autre, plus anecdotique mais révélatrice? C’est une ONG privée, Rebirth Beirut’s, qui a installé des feux de circulation dans la ville. Avec une affiche au pied des supports: «attendre au rouge, c’est un espace d’espoir!» De là qu’il passe au vert pour la reconstruction de l’Etat, il y faudra plus que de la patience.

© J.P.

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Les déçus de la «révolution» manquée de 2019 n’ont pas tous perdu l’espoir du changement. Maints groupes s’activent à l’insu des médias dominés par le cirque politicien. Ils préparent les sursauts à venir et agissent sur le terrain pour soulager les démunis. Tant d’ONG locales, plus ou moins soutenues par l’étranger, forcent le respect. Telle la puissante Amel – 1’500 employés – du médecin Kamel Mohanna, dans le Sud Liban. L’association apporte une aide médicale, par petits bus, auprès de la population locale et des nombreux réfugiés.

Un autre abcès. Le Liban compte 4,5 millions d’habitants et héberge en plus 1,5 millions de réfugiés palestiniens – qui tendent à s’intégrer et à émigrer –, irakiens et surtout syriens depuis 2011. On voit ces derniers, un peu partout dans le pays, dans leurs campements de toiles, beaucoup travaillent dans les champs. Comme autrefois mais maintenant rejoints par leurs familles. Ces déplacés reçoivent une aide des Nations unies (HCR), ce qui pose d’ailleurs un problème d’équité avec la population locale. Mais que deviendront-ils à terme? Une autre ONG, plus modeste, Alpha, animée par un curé, le père Albert, prêtre rebelle, engagé depuis longtemps dans le combat social, et une militante libérée de son origine bourgeoise, Marie-Claude Souaid, multiplie les projets en particulier auprès des jeunes. Une vingtaine de Libanais montent une ferme agro-écologique sur les hauts de Beyrouth, en volontaires, à côté de leurs études et de l’effort quotidien pour nourrir leurs familles. La modeste structure va jusqu’à organiser des cours auprès de jeunes réfugiés syriens dans la Bekaa. Au programme, à côté de l’école, l’enseignement des droits humains, de la femme, les rudiments de la pensée démocratique. Ces adolescents, garçons et filles portant fichu pour la plupart, sont tout ouïe. Ils interrogent les Suisses de passage: y a-t-il des animaux chez vous que nous n’avons pas ici? Quel est votre plat national? Et ils répondent à nos questions. Comment voyez-vous votre avenir? Une réponse unanime: faire des études, connaître nos droits. Mais où? Quelques filles rêvent de rentrer en Syrie. La plupart gambergent sur de lointains horizons. Au Canada, en Allemagne – où les Syriens sont nombreux – à Dubai, au Koweit… et en Corée du Sud! Les séries asiatiques ont suscité des envies. Désolé, mais un seul garçon a dit vouloir aller en Suisse.

© J.P.

Reste à savoir où va le Liban. Un pays qui depuis deux siècles au moins tente de trouver son unité dans le puzzle de ses composantes culturelles et religieuses. Sans grand succès mais développant néanmoins une forme d’identité, d’attachement à ce territoire, à cette communauté mêlée. Cela sous les pressions extérieures. Avec les agressions israéliennes en 1978, 1982 et 2006, d’abord face à la montée de l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine), puis à celle du Hezbollah pro-iranien, mais frappant toute la population libanaise. Avec l’occupation syrienne pendant un temps. Avec les manœuvres des USA qui financent l’armée, de la France, de l’Arabie saoudite, sunnite, qui soutient les Forces libanaises, chrétiennes, pour faire front aux Chiites. Mais la donne change au cours des ans. La Syrie n’est plus en mesure de menacer personne. Israël a d’autres soucis que le Liban, avec lequel il a conclu un accord pour l’exploration des ressources pétrolières à la limite de leurs zones maritimes. Etonnant consensus approuvé même par le Hezbollah soucieux d’apaisement, ce que beaucoup de ses adversaires sunnites, chrétiens et parfois druzes considèrent comme une trahison. L’une des têtes pensantes de la formation pro-iranienne, Ali Fayyad, esprit fin, haute stature, nous précise qu’elle veut la paix, la cohabitation et le respect de toutes les mouvances confessionnelles mais une administration laïque et efficace. Il prône le dialogue et se félicite au passage que la Suisse ait tenté à diverses reprises de le nouer entre les acteurs principaux. «Quand on s’est vus au Mont-Pèlerin, au-dessus du lac, la discussion était plus sereine qu’ici…» Et de dérouler un programme économique qui tranche avec les gâchis du passé: un assainissement drastique des banques, le développement de l’agriculture, du tourisme, des entreprises digitales. Propos crédibles si l’on en juge par les régions contrôlées par le Hezbollah où les services publics, la santé et l’éducation, les routes, sont en meilleur état qu’ailleurs. Ses cadres, disent ceux qui les fréquentent, sont plus compétents et sérieux. Mais les autres partis restent dressés contre lui, craignant son emprise et sa redoutable efficacité.

Ali Fayyad. © J.P.

Tous cependant, malgré leurs vives rivalités, excluent le risque d’une nouvelle guerre civile. Celle des années 1975-1990 fut abominable. Plus jamais ça! disent-ils tous. De loin on y a vu un affrontement entre musulmans et chrétiens. Faux. Les uns et les autres ont eu aussi entre eux des confrontations sanglantes, dans un jeu d’alliances épisodiques compliquées, avec des horreurs commises dans tous les camps. La population, victime de ce que l’historien Georges Corm1 appelle «la violence milicienne», a payé le prix fort: entre 130’000 et 250’000 victimes civiles et l’exode de presque un million de personnes. Aucun travail de mémoire sérieux n’est mené. Et pour cause, les dirigeants actuels ont du sang sur les mains et se ménagent à cet égard. A l’exception du Hezbollah, surgi plus tard, qui a néanmoins assassiné quelques-uns de ses opposants.

Comment dépasser tant de blessures, si profondes, sans cesse diversement rouvertes? Par le dialogue? Entre les vieux chefs de clans au pouvoir, issus de la guerre civile, enrichis par le pouvoir, il paraît voué à l’échec. Mais dans la société civile, il peut se nouer autour d’actions concrètes, par l’émergence d’une jeunesse à la fois tentée d’émigrer – ils sont si nombreux à s’en aller – ou de trouver enfin un cadre propice à leurs projets. Car cette génération est tout sauf molle, elle est plutôt bien instruite car les hautes écoles restent de qualité, elle témoigne d’une énergie que n’embrument pas les états d’âme «wokistes». Les talents se bousculent dans l’informatique, même l’agriculture, sur des marchés de niche, retrouve des faveurs, le tourisme ne manque pas de bras. Soit dit en passant, il est recommandable. Le pays est si beau, les vestiges romains de Baalbek incomparables, étonnamment intacts. Et la sécurité assurée, homme ou femme, jeune ou vieux, on se promène à Beyrouth sans soucis de jour comme de nuit, moins incommodé qu’on ne peut l’être dans certains quartiers de Paris! La police, l’armée et le Hezbollah travaillent la main dans la main pour maintenir l’ordre au quotidien et aussi pour empêcher d’éventuelles infiltrations djihadistes à la frontière syrienne.

Autre clé pour entrevoir la dignité de ce pays: la culture. Elle y est plus vivante que jamais. Les musées, les théâtres, les cinémas ne ressentent guère la crise. Comme si beaucoup éprouvaient le besoin de dépasser les tracas du quotidien, peut-être plus. C’est ce que pense le fondateur de la troupe Zukak – connue aussi à l’étranger, Omi Abi Azar: «quand vous aidez quelqu’un avec mille dollars, un mois après il ne reste rien. Un moment de culture, un spectacle, un film, un livre, c’est pour du long terme. Plus qu’une distraction, l’instant où l’on se demande qui l’on est, d’où l’on vient, où l’on va…» Le travail de cette équipe interroge les spectateurs, les met en scène. Jusque dans les camps de réfugiés et même dans d’autres pays, jusque chez les migrants de Calais! «Ce que nous faisons ici nous paraît plus important que d’aller au festival d’Avignon», ajoute cet entrepreneur. «Car monter un projet sans argent au départ, c’est comme ouvrir un magasin de chaussures!» Quant au galeriste et collectionneur le plus en vue au Liban, Saleh Barakat, il laisse songeur le visiteur européen. «Je me tourne de plus en plus vers d’autres pays, arabes et asiatiques. En Europe, l’art contemporain me paraît se perdre loin des réalités et des émotions. Je ne suis pas fixé sur le figuratif mais j’y tiens. La créativité me paraît s’éloigner de votre partie du monde, se développer de plus en plus vers l’Est. Je ne suis pas sûr que vous vous en rendiez compte…» Sa galerie qu’il vient de reconstruire après l’explosion du port est en tout cas fort belle. On y voit les œuvres abstraites d’une artiste qui les prolonge avec des poèmes…

Au fil de ces rencontres on comprend peu à peu pourquoi ce pays exerce tant de charme en dépit de tous ses malheurs. On y savoure, même dans le chaos, le souffle de la liberté, source de l’espoir. Toutes les opinions s’expriment, sans détours, sans nulle censure, ni publique ni personnelle. Que l’on s’y sent bien.


1«Le Liban contemporain», Georges Corm, Editions La Découverte, 426 pages.

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