Covid: trois ans de crise et zéro bilan

Publié le 20 janvier 2023
Les péripéties et soubresauts des multiples affaires Berset, et notamment de la possible collusion entre son chef de la communication et le directeur général de Ringier Marc Walder pendant la crise du Covid-19 – corroborée non seulement par une vidéo révélée par le «Nebelspalter» début 2022 mais par un mail envoyé le 20 mars 2020 aux principaux dirigeants des médias suisses et dévoilé par Lukas Hässig dans «Inside Paradeplatz» – ne doivent pas nous faire oublier qu’aucun bilan sérieux n’a encore été dressé de la crise sanitaire la plus grave du XXIème siècle...

Or n’importe quel dirigeant digne de ce nom sait que les principes de gestion obligent à tirer les leçons de tout événement grave qui affecte la vie de sa société. Dans les comptes annuels, la rubrique Bilan n’est-elle pas jugée indispensable pour évaluer la santé d’une entreprise? Comment se fait-il qu’à l’échelle du pays, alors que des milliards ont été engloutis pour acheter des vaccins, financer des tests et indemniser des entreprises en difficulté, on ne tire toujours aucun bilan?

Surtout que certaines analyses et chiffres montrent qu’on est loin d’avoir fait tout juste dans la gestion de cette épidémie.

Une étude publiée par trois professeurs des Universités de Rotterdam, Stanford et d’Alberta1 montre ainsi que le choix d’un processus de décision très centralisé n’a pas été optimal, en confiant par exemple le pouvoir à un petit groupe d’experts qui a éliminé toutes les voix discordantes et en imposant des mesures de contrainte qui ont eu un impact négatif sur la santé physique et mentale des gens, tout en conduisant à une augmentation des inégalités dans tous les domaines, socio-économique, sexuel, sanitaire (mental et physique) et éducatif.

Limitons-nous à trois exemples. Dès novembre 2020, la Banque mondiale a estimé que la crise Covid-19 ferait basculer 88 à 115 millions de personnes dans l’extrême pauvreté. Les chiffres qui remontent de différents pays confirment aujourd’hui cette hypothèse.

Sur le plan éducatif, une étude menée aux Pays-Bas auprès de 350’000 élèves a montré que ceux-ci faisaient peu ou pas de progrès pendant les fermetures d’école et que la perte d’apprentissage était plus prononcée chez les élèves issus des foyers défavorisés. Ce, malgré le fait que les Pays-Bas sont considérés comme le meilleur scénario possible, avec une fermeture d’écoles relativement courte, un financement équitable des écoles et l’un des meilleurs taux en termes d’accès numérique.

Les inégalités de genre ont également beaucoup augmenté. Les femmes ont déclaré être plus stressées et anxieuses pendant les confinements, en particulier les femmes avec des enfants et les étudiantes. La santé et le bien-être des femmes ont également été affectés de manière disproportionnée, réduisant l’espérance de vie et augmentant les taux de suicide. En outre, elles ont davantage souffert d’abus, d’automutilation et de pensées suicidaires ou autodestructrices. Leur santé physique et reproductive a aussi été mise en péril, car de nombreux pays ont réaffecté les soins médicaux aux patients atteints du Covid-19. La violence sexiste a augmenté à un rythme alarmant; l’anxiété et la dépression ont triplé chez les femmes enceintes et les femmes en post-partum.

L’examen des statistiques mondiales montre également des incohérences qui cadrent mal avec les discours officiels sur l’efficacité globale des vaccins, les traitements ayant été généralement prohibés comme ce fut le cas en France et en Suisse avec l’interdiction hystérique de la fameuse chloroquine.

Ainsi, à l’échelle planétaire, il y aura eu deux fois plus de décès Covid en 2021 avec le vaccin qu’en 2020 sans vaccin, alors même qu’il y a consensus scientifique pour admettre que le variant delta a été moins létal que ses prédécesseurs. Début 2023, le Covid-19 semble désormais en extinction naturelle un peu partout, sans qu’on puisse attribuer cette amélioration au vaccin puisque les pays les plus vaccinés sont ceux où l’épidémie a reculé le moins vite (USA, Allemagne, Royaume Uni, Australie, Singapour, Israël) et que la mortalité de l’année 2022 avec vaccin aura été supérieure à celle de 2020 sans vaccin dans de nombreux pays très vaccinés (Croatie, Slovaquie, Grèce, Allemagne, Australie, Singapour, Israël, Islande, Norvège, Danemark, Finlande, Lettonie, Estonie, Lituanie, Portugal, Taïwan, Corée du Sud, Japon notamment).

Après trois ans, on ne constate aucune corrélation entre le taux de vaccination et le taux de mortalité. Ainsi, bien que 2 à 3 fois moins vaccinée que l’Amérique latine ou que l’Europe, l’Afrique déclare un taux de mortalité près de 15 fois moindre. Alors que les habitants de la planète sont de plus en plus vaccinés, la mortalité déclarée Covid de 2022 est restée forte avec un virus pourtant beaucoup moins létal. L’Europe, pourtant vaccinée à 70% avec des vaccins réputés fiables, a connu en 2022 un taux de mortalité à peine inférieur à celui de l’année 2020 (sans vaccin) et cela avec un variant Omicron beaucoup moins létal.

En Suède, aucune des prédictions apocalyptiques ne s’est réalisée. Rappelons qu’en mars 2020, les «experts» avaient annoncé 96’000 décès en un seul mois. En réalité, il n’y a eu que 21’800 décès en trois ans sans aucune des mesures de contrainte que la France ou la Suisse ont connues. La Suède, plus âgée et moins vaccinée que la France, a un taux de mortalité de 20% inférieur à celui de la France et de la moyenne européenne!

Quant à la Suisse, si elle est restée dans la moyenne européenne (14’371 décès sur trois ans soit 1,638 décès pour mille habitants), elle n’a pas particulièrement brillé puisqu’elle fait deux fois moins bien la moyenne mondiale (0,86 pour mille au 31 décembre 2022). Où est donc passé le miracle vaccinal annoncé à 95% d’efficacité sur les formes graves? Et la promesse que la vaccination empêchait la contamination?

Par ailleurs, les journaux commencent à parler des effets négatifs des vaccins sur la santé des vaccinés tandis que des articles apparaissent sur les cas inexplicables de surmortalité observés en 2022, alors que l’épidémie était en reflux. Le 8 décembre dernier, le Guardian rapportait que deux tiers de la surmortalité de 15’400 décès observés en 2022 en Australie étaient dus au Covid, malgré les intenses campagnes de vaccination et la sévérité des mesures de confinement qu’a connus ce pays durant la pandémie. Le 12 janvier, c’était la presse suisse qui annonçait «l’une de plus fortes surmortalités depuis 1877», soit 6’650 morts excédentaires, dues principalement au Covid. Et cela alors que la grande majorité des Suisses était doublement vaccinée depuis fin 2021…

Les experts continuent à justifier les vaccinations à répétition et les mesures de confinement en disant que tout cela aurait sauvé nombreuses vies. Possible. Mais ils sont incapables de le prouver et leur argument n’est donc pas recevable aux yeux de la science, puisqu’il n’est pas réfutable au sens que Karl Popper donnait à ce mot. De même, les scientifiques et les politiques, qui ont justifié les énormes coûts et des mesures de contrainte inouïes en traitant les coronasceptiques de complotistes et de criminels qui mettaient en danger la vie des autres, sont incapables d’expliquer pourquoi des populations triplement vaccinées, et parfois à hauteur de 95% de la population, continuaient à infecter leurs proches…

Quoiqu’on pense des vaccins et du confinement et autres mesures de contrainte, il est donc urgent de procéder à un bilan sanitaire précis de la crise, tant sur le plan des traitements thérapeutiques et vaccinaux que des interventions non thérapeutiques (confinement, tests PCR, passe sanitaire, distanciation sociale, port du masque, etc.), ainsi qu’un bilan économique détaillé eu égard aux centaines de milliards dépensés à travers le monde. La Suisse, qui prétend souvent mieux faire que les autres, serait bien inspirée en montrant l’exemple.


1Schippers MC, Ioannidis JPA et Joffe AR, Mesures agressives, inégalités croissantes et formation de masse pendant la crise du COVID-19: Un aperçu et une proposition de voie à suivre. Frontiers in Public Health, 22 August 2022

Chiffres tirés de Our World in Data httpps://ourworldindata.org/covid-vaccinations, agrégés par le général Dominique Delawarde, ancien chef de «Situation-Renseignement-guerre électronique» à l’état-major interarmées français.

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