Comment la RTS se moque des jeunes

Publié le 2 septembre 2022
Tataki, vous ne connaissez pas? Non? Bon, vous êtes excusés. Il s’agit d’un canal de la RTS, oui, oui du service public, disponible seulement sur internet, sur les réseaux sociaux. Pour les 15-25 ans: de la pop-culture comme on en trouve partout. Mais là, en plus fouillis.

Des bribes de bla-bla, pourrait-on résumer. Dans le jargon, bien sûr. Voyez les titres des débats, du genre: «T’as déjà été foncedé.e à un repas de famille?» ou «Les cosplayers font l’amour en cosplay»…

Vous êtes perdus? Foncedé? Défoncé, drogué. Cosplay? Jouer dans la tenue d’un personnage de fiction. Des questions existentielles encore: «Est-ce que je vais comprendre House of the dragon si j’ai pas encore vu House of Gucci? »

Dans l’actualité: «T’es quel genre de personne à la rentrée?»

Témoignages de meufs bien sûr: «En soirée, je pisse accompagnée». Côté mecs? «Je me masturbe 5 fois par jour».

De la philosophie: «J’me dis que notre espèce devrait s’éteindre avant qu’on réduise notre planète en cendres.»

La politique: «Le drag c’est déjà politique». Berset: «A qui il ressemblerait avec des cheveux?»

Tout à l’avenant. Une équipe de cinq ou six personnes est dédiée à cette plateforme, mise en ligne en 2017, dont la RTS assure qu’elle est un grand succès. Cet espace qui fait croire que les 15-25 ans sont des abrutis analphabètes est insultant pour eux. Il n’a rien à faire dans la palette des programmes de la RTS. Les réseaux sociaux, Instagram, Tiktok et compagnie inondent déjà la jeunesse de telles fariboles, le service public n’a pas à en rajouter une couche. Espère-t-il les guider ainsi vers Temps présent ou Mise au point? Ce serait bien naïf.

Dire que le redevance sert aussi à ces gaudrioles est non moins insultant pour les payeurs. Et cela au moment où les programmes sérieux sont touchés par des coupes de budget. Supprimer le journal de 22 heures 30 le samedi, réduire les bulletins d’infos le dimanche de 6 à 3 minutes… On se pince. Comme s’il manquait de journalistes dans la grande maison! Mais que se passe-t-il dans la tête des responsables de l’audiovisuel public suisse?

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