Littérature

Quand notre culture revendique le «populaire de qualité»

Du club FipFop aux mémorables albums à vignettes des firmes chocolatières NPCK, ou à ceux des éditions Silva, en passant par les pages culturelles des hebdos de la grande distribution, une forme de culture assez typiquement suisse a marqué la deuxième décennie du XXe siècle et jusque dans la relance du festival de Locarno... Et maintenant, entre clics et «likes»?
Jean-Louis Kuffer

Quentin Mouron ressaisit le bruit du temps que nous vivons

Avec «La Fin de la tristesse», le romancier-poète-essayiste en impose par sa formidable absorption des thèmes qui font mal en notre drôle d’époque (amours en vrille, violence sociale et domestique, confrontation des genres exacerbée, racisme latent et dérives fascisantes, méli-mélo des idéologies déconnectées, confusion mondialisée, etc.) et leur incarnation par le truchement de personnages traités en nuances.
Jean-Louis Kuffer

«L’actualité, c’est comme la vitrine d’une grande quincaillerie…»

Pendant de nombreuses années, les lecteurs et les lectrices du «Matin Dimanche» ont eu droit, entre des éléments d’actualité et de nombreuses pages de publicité, à une chronique «décalée», celle de Christophe Gallaz. Comme un accident hebdomadaire dans une machinerie bien huilée. Aujourd’hui, les Editions Antipode publient «Au creux du monde», un recueil de chroniques parues dans le journal romand mais aussi dans d’autres publications. Rencontre.
Patrick Morier-Genoud

Quand Max Lobe dit le Bantou s’en va goûter chez Gustave Roud…

«La Danse des pères», septième opus de l’écrivain camerounais naturalisé suisse, est d’abord et avant tout une danse avec les mots, joyeuse et triste à la fois. La «chose blanche» romande saura-t-elle accueillir l’extravagant dans sa paroisse littéraire? C’est déjà fait et que ça dure! Au goûter imaginaire où le convient cette semaine le centenaire Jaccottet et compagnie, la «ressemblance humaine» est de la partie…
Jean-Louis Kuffer

La saignée de l’affreux «Boucher» tient de l’exorcisme vital

A partir de faits avérés, la prolifique et redoutable Joyce Carol Oates brosse, de l’intérieur, le portrait d’un monstre ordinaire de la médecine bourgeoise, qui se servait des femmes les plus démunies comme de cobayes utiles à ses expériences de réformateur plus ou moins «divinement» inspiré. Lecteurs délicats s’abstenir…
Jean-Louis Kuffer

L’Amérique de Trump risque-t-elle de comploter contre elle-même?

Une fiction historico-politique mémorable de Philip Roth, «Le complot contre l’Amérique», évoquant le flirt du héros national Charles Lindbergh, «présidentiable», avec le nazisme, et deux autres romans récents de Douglas Kennedy et Michael Connelly, incitent à une réflexion en phase avec l’actualité. Est-ce bien raisonnable?
Jean-Louis Kuffer

Miguel Bonnefoy enlumine la légende vécue des siens

Fabuleuse reconnaissance en filiation, «Le rêve du jaguar», dernier roman du jeune Franco-Vénézuélien déjà couvert de prix, est à la fois un grand roman familial à la Garcia Marquez (ou à la Cendrars) et un cadeau princier à la langue française, dont l’écriture chatoie de mille feux poétiques accordés à mille histoires d’amour. A lire illico presto!
Jean-Louis Kuffer

Quand la lettre et l’esprit de grands livres sont magnifiés sur les écrans

Deux chefs-d’œuvre de la littérature contemporaine, «Expiation» d’Ian McEwan, et «Cent ans de solitude» de Gabriel Garcia Marquez, passent au grand et au petit écran avec un rare bonheur.
Jean-Louis Kuffer

Le monde est un grand hôpital où l’on soigne toujours à tâtons

«Tout dire sur la médecine vécue au quotidien, où cauchemar est plus fréquent que victoire, il y a un siècle comme ce matin»: c’est le propos de Vikenti Veressaïev dans ses Notes d’un médecin, prisées par le public russe (et Tolstoï et Tchékhov à l’unisson) mais suscitant la fureur de certains de ses confrères. Tantôt accusateur implacable, et tantôt défenseur des inévitables pratiques à risques de la médecine, incessamment déchiré par le doute et les limites de sa propre compétence, horrifié par le charlatanisme et la morgue de certains, tant que par l’omertà du milieu, l’auteur laisse, en écrivain sensible, un témoignage d’une exceptionnelle honnêteté, laquelle rime avec humanité…
Jean-Louis Kuffer

Lire «Vivre», de Boualem Sansal, participe de sa libération

L’arrestation du grand écrivain algérien, le 16 novembre dernier à Alger, relève à la fois de l’infamie et de la logique d’Etat, s’agissant d’un opposant déclaré plus virulent même qu’un Salman Rushdie. Mais comment enfermer ses livres? Et que pèsent les décisions de mafieux gouvernementaux dans la balance des destinées universelles? Ces questions sont abordées, avec faconde et malice, dans le dernier roman du plus voltairien des auteurs contemporains.
Jean-Louis Kuffer

Enquête sur un suicide dans la mouvance internationale lettriste

Dans son dernier opus, «La désinvolture est une bien belle chose», Philippe Jaenada mène une enquête sur le suicide de Jacqueline Harispe, dite Kaki, jeune femme libre, intelligente, entourée d'amis et amoureuse d'un beau soldat américain, ayant été mannequin chez Dior, et qui, après une soirée arrosée, s’est jetée par la fenêtre d’un hôtel et s’est écrasée sur un trottoir. Un petit morceau de culotte noire sur la balustrade l’attestant, son amant a tenté de la retenir.
Yves Tenret

Tout à la fois fée et sorcière, Rose-Marie Pagnard nous enchante

L’esprit d’enfance, où la fantaisie transfigure le quotidien, imprègne «L’enlèvement de Sarah Popp», merveille d’imagination poétique et de douce folie humoristique sublimant la platitude et les épreuves de la vie. Au premier rang des romanciers-poètes de la francophonie, la Jurassienne fait irradier «la lumière sous chaque mot».
Jean-Louis Kuffer
Accès libre

Douglas Kennedy interroge l’Amérique qui le divise

Le dernier livre de l’écrivain new yorkais au passeport européen, «Ailleurs, chez moi», déploie une fresque passionnante, mêlant expérience personnelle et observations sur le terrain, critiques vives et signes de fervente reconnaissance, à valeur de portrait kaléidoscopique d’une Amérique divorcée que son nouveau président ne «risque» pas de réconcilier…
Jean-Louis Kuffer

Pavese, notre ami fragile, nous attend à l’«Hôtel Roma»

Merveille de sensibilité mimétique et de justesse d’expression dans son approche d’un grand écrivain retrouvé à l’été (1950) de son suicide, l’ouvrage de Pierre Adrian restitue à la fois les aspects contradictoires de la personne et le génie du poète, avec ses racines piémontaises et de constantes références à ses œuvres.
Jean-Louis Kuffer

Cārtārescu le visionnaire se la joue archange de roman

Avec «Théodoros», roman historico-poétique d’une fascinante splendeur verbale, Mircea Cārtārescu signe un chef-d’œuvre porté par un souffle irrépressible, avec un art de l’évocation sans pareil. Poème romanesque d’une beauté saisissante dans ses grandes largeurs autant que dans la polyphonie profuse et savoureuse de ses détails, cette saga à l’orientale, frottée de théologie parfois déroutante, voire délirante, paraît dans une traduction française, signée Laure Hinckel, d’une merveilleuse musicalité.
Jean-Louis Kuffer

Le combat de Salman Rushdie, un Quichotte voltairien

Dans un premier récit détaillé, à glacer le sang, de la tentative d’assassinat qu’il a subie le 12 août 2022, puis au fil d’une remémoration de son retour à la vie, secondé par les siens (dont l’admirable Eliza Griffiths, son épouse), et plus largement ensuite dans la réflexion que lui inspire un acte apparemment dément quoique soumis à la logique implacable des fous de Dieu islamistes, Salman Rushdie, avec «Le couteau», laisse entrevoir, avec la possibilité d’une seconde chance, une espérance vitale.
Jean-Louis Kuffer