Yvette Z’Graggen, sacrée nana

Yvette Z’Graggen dans la campagne genevoise en 1945. – © Collection Nathalie Brunel
Dans le film que Frédéric Gonseth consacre à Yvette Z’Graggen, il y a cette scène, reconstituée à partir de son livre Les années silencieuses: elle a 23 ans et fait la fête dans les salons de l’Hôtel Victoria de Glion. Un beau jeune homme qui loge là propose de lui montrer sa chambre. Elle ne dit pas non et s’achemine d’un pas léger vers la très oubliable nuit de son dépucelage. C’est seulement à l’étage, sur le pas de la porte, qu’elle se rend compte: elle ne connaît même pas le prénom de son amant d’un soir.
Une scène qui n’aurait rien d’extraordinaire si elle se déroulait aujourd’hui. Mais on est en 1943. Simone de Beauvoir n’a pas encore écrit Le deuxième sexe et, comme le raconte Yvette Z’Graggen, toutes ses amies de la bonne bourgeoisie genevoise n’ont qu’une idée en tête: se marier et faire des enfants. Son objectif à elle est double et parfaitement clair dans son esprit: d’abord, gagner sa vie. Puis, vivre des tas d’aventures amoureuses et sexuelles avant de se caser. Elle mène donc entre 20 et 30 ans, «une vie très, très libre» mais – fait remarquable – sans que cela se traduise en discours, ni sur le moment, ni après coup. Le droit de disposer de son corps? Elle l’invente, à son usage personnel, avant même que n’existe l’expression. C’est l’évidence, elle ne va pas en faire un plat.
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