Une essentielle fragilité

© Pixino
Un roman peut-il contenir des photographies? Un roman qui contient des photographies mérite-t-il toujours la qualification de roman, ou est-ce autre chose? De la triche? Un truc trop facile? Clément Bénech, dans son premier essai, brasse ces questions qui le préoccupent. En tant qu’auteur, en tant que lecteur, en tant que romancier, il s’interroge sur la matière même de son travail, les mots, et sur la limitation ou l’expansion de leurs pouvoirs, dans une époque où «une image vaut mille mots».
Répondant à une enquête lancée auprès des écrivains, après la naissance de la photographie, Mallarmé affirmait en 1898 dans les colonnes du Mercure de France que «tout ce qu’évoque un livre (doit) se passer dans l’esprit du lecteur». Le roman, dès lors, repose sur une tension, une tentation, d’un côté l’ardeur de narrer, de l’autre l’excitation de montrer. Le paroxysme étant atteint par Breton dans Nadja – la cohabitation de ces deux arts, la photographie et la littérature – semble avoir (déjà) atteint la fin de son histoire.
Les «pour» d’un côté; jeunes artistes zélés, dispersés, prompts à l’expérimentation; les «contre» de l’autre: intellectuels installés, conservateurs, gardien du temple.
La question de la photographie dans le roman (et non celle du roman-photo) provoque un choc qui, selon Bénech, s’apparente à la crainte avec laquelle un groupe d’ouvriers accueille un robot dans son usine. Il va s’agir, pour chacun, de faire la preuve toujours renouvelée de son excellence propre, de sa nécessité. Le roman à l’ère de...
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