Tueur raciste à Paris: l’extrémisme est-il responsable?

Publié le 30 décembre 2022
L’homme qui a tué trois Kurdes à Paris est présenté comme «déséquilibré psychiquement» et déclare vouer «une haine pathologique aux étrangers». La «folie» – si «folie» il y a – d’un tueur raciste exonère-t-elle les boutefeux de l’extrémisme?

Son parcours a été décrit par le communiqué de la procureure de la République de Paris, Laure Beccau sur la base des déclarations du tireur, William M., 69 ans, conducteur de trains à la retraite. 
A la recherche de ses proies
Vendredi 23 décembre au matin, il se rend à Saint-Denis, près de Paris, armé d’un colt 45 de calibre 11,43 avec ses munitions. D’après ses propres dires, son but était de tuer le plus d’étrangers possible. «Sur place, il renonce finalement à passer à l’acte, compte tenu du peu de monde présent et en raison de sa tenue vestimentaire l’empêchant de recharger son arme facilement», ajoute la procureure parisienne.
William M. retourne au domicile de ses parents avec lesquels il vit, dans le Xème arrondissement de Paris. Après s’être changé, il ressort et se rend à pied rue d’Enghien vers le Centre démocratique kurde de France, proche du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan opposé à l’Etat turc). 
Devant ce centre, il tire sur une femme et deux hommes. Deux meurent sur le coup. La troisième victime se traîne dans un restaurant kurde voisin. Elle décèdera un peu plus tard à l’hôpital1.
Le tireur poursuit son chemin vers un coiffeur kurde, tire sur trois hommes qu’il blesse; l’un d’entre eux parvient à le désarmer. L’homme est aussitôt appréhendé par les policiers. Il aurait voulu continuer à tirer jusqu’à la dernière balle; celle-ci devant servir à son suicide.
La mise en examen
William M. avait été mis en examen en décembre 2021 pour avoir agressé à coups de sabre des migrants et lacéré leur tente dans un campement du XIIème arrondissement.
Selon la procureure, «il aurait toujours eu l’envie d’assassiner des migrants, des étrangers depuis un cambriolage à son domicile en 2016» et ne cache pas être habité par une haine pathologique des étrangers. Con...

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