Lulu Wite: sous l’effeuilleuse, la physicienne

Publié le 21 août 2019
Alors comme ça, les maths tuent la féminité? Parlez-en donc avec Lulu Wite, artiste burlesque tendance dessous vintage et chercheuse en physique des particules. A l’heure où l’école se demande comment encourager les filles dans les filières scientifiques, la somptueuse brune à plumes raconte comment elle a trouvé la niaque pour devenir à la fois une super-matheuse et une super-séductrice.

«Artiste burlesque. Effeuilleuse coquine. Danseuse ingénue (...) Modèle rétro» énumère Lulu Wite sur son blog en guise de présentation. Il y a là de quoi remplir un agenda. Ce printemps/été 2019 pourtant, la jeune femme a été moins active sur scène. Elle s’en excuserait presque: «Vous comprenez, je suis en train de finir ma thèse… » Le sujet? «Une expérience en physique des neutrinos à l’échelle internationale.» Silence. «Analyse des données.» Silence. «C’est de la recherche fondamentale pure.» D’autres questions?
Assise dans le salon de son deux pièces-bonbonnière lausannois, entre la machine à coudre – elle fait tous ses costumes elle-même – et la cage aux lapins, l’artiste à plumes vous raconte donc que, diplômée de l’EPFL, elle mène, à l’Université de Genève, une activité de chercheuse en physique des particules. Pour préserver la séparation entre ses deux vies, elle vous remercie de ne mentionner que son pseudonyme: «Ce n’est pas que je veuille me cacher. Simplement éviter que les registres ne se mélangent lorsqu’on tape mon nom dans un moteur de recherche... »  
Plumes d’autruche et neutrinos, cache-tétons et particules élémentaires, féminité et rigueur mathématique: la combinaison intrigue. A Fribourg, où elle a reçu une éducation «catholique, ouverte d’esprit», Lulu, quant à elle, s’est toujours sentie naturellement à cheval entre deux univers: «A l’école, j’aimais déjà beaucoup les maths et la physique, mais aussi les activités artistiques. Au moment de choisir une formation, je me suis dit que revenir tardivement dans une filière littéraire ou artistique après des études scientifiques, c’est possible. L’inverse, beaucoup moins.»
Féminité CQFD
L’univers de l’effeuillage burlesque, notre matheuse le rencontre à 25 ans, juste au moment où elle boucle son master e...

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