Eric Vartzbed, essayiste, docteur en psychologie et psychothérapeute analytique
Cher Roland Jaccard,
Qu’exprime votre texte autobiographique intitulé Pourquoi je ne suis pas devenu psychanalyste?.
Que vous n’aviez peut-être pas envie d’exercer cette profession, c’est votre droit. Que vous n’en n’étiez pas capable, c’est votre limite. Mais, quoi qu’il en soit, de grâce, ne démolissez pas cette profession exigeante, épargnez-nous vos approximations, n’ajoutez pas de la confusion à la confusion.
Clarifions. Vous taxez la psychanalyse d’escroquerie. Pour ravaler cette discipline, vous vous appuyez sur une citation décontextualisée de Lacan, une citation à double fond, qui doit être expliquée.
La tâche est rude: je n’ai que quelques lignes pour faire sentir au lecteur des notions que les psychanalystes mettent de nombreuses années à intégrer. (Un travail considérable donc, dans lequel on imagine mal, soit dit en passant, s’engager des escrocs).
Il s’agit des notions de transfert, de sujet supposé savoir, de la docte ignorance de l’analyste, de l’horreur que lui inspire son acte, des bénéfices primaires et secondaires de la névrose.
En deux mots: le processus analytique repose sur une croyance, une relation artificielle: l’analyste se positionne de façon à ce que son patient projette sur lui des sentiments qu’il a jadis noués avec ses proches significatifs. L’analyste est pris pour un autre et c’est dans le dévoilement des ressorts de cette fiction que le patient gagnera en lucidité, percevra le fantasme organisateur qui le constitue à son insu. Le fantasme qui le dirige et lui pourrit la vie. Ce fantasme inconscient peut être, par exemple: un enfant est battu, un homme se met en position féminine pour séduire un grand père idéalisé, un héros redresseur de torts, etc.
Ainsi,...