Que reste-t-il de nos illusions?

Quartier de Catia, l’un des plus dangereux de Caracas, juin 2018. – © 2018 Bon pour la tête / Doménica Canchano Warthon
Dans la nuit du 8 août 1990, ma mère, ma sœur et moi, blotties sous notre toit de chaume, avons écouté à la télévision le discours d’un homme en cravate annonçant l’augmentation du prix du lait, du sucre et du pain, entre autres. Trois produits qui, dès le lendemain, deviendraient un luxe et que nous ne pouvions désormais plus nous permettre. Il s’agissait alors du ministre péruvien de l’économie. Son discours a pris une dimension tragique dans une phrase qui en a fait frémir plus d’un: «Que Dieu nous aide».
Août 1990: le discours du ministre péruvien de l’économie Hurtado Miller.
Six mois plus tard, ma mère a décidé de partir pour l’Italie, laissant ses enfants au Pérou. Cette nuit-là, j’avais 10 ans, j’ai compris le sens du mot «inflation», les conséquences du phénomène et, bien que ma mère ait travaillé dur, j’ai aussi compris qu’il existait des forces au-dessus de nos têtes qui nous empêchaient de vivre dignement.
L’hyperinflation, la récession et la pauvreté, des problèmes qui frappent aujourd’hui de plein fouet le Venezuela, nous rappellent de manière significative ce que le Pérou a vécu il y a plus de 30 ans. Dans un autre contexte certes, dans une autre conjoncture politique, mais le résultat implacable est devenu une scène récurrente.
Après ce discours, les effets ont été immédiats: il y a eu une augmentation généralisée des prix et une pénurie d’aliments de base....
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