Pourquoi la psychanalyse est condamnée
Quand je demandai à Freud ce qu’allait devenir la psychanalyse après sa mort, il me sourit et me dit: «Mais voyons, mon jeune ami, je ne me fais aucune illusion: elle n’a plus aucun avenir.»
J’insistai pour comprendre ce qu’il entendait par là. La réponse fut cinglante: «Les progrès de la chimie rendront notre pratique obsolète. Les Américains en feront un instrument de normalisation sociale au rabais et les Français s’empresseront de lui donner un tour tellement intellectuel et sophistiqué qu’elle se divisera en sectes qui n’auront rien à envier au byzantinisme le plus exécrable. Mais les Français sont ainsi faits qu’ils n’admirent que ce qu’ils ne comprennent pas.»
Il demeura pensif avant de se ressaisir et de me faire cet aveu tellement inattendu: «Finalement, si la psychanalyse est condamnée, c’est que je suis passé à côté de l’essentiel. Voyez-vous, mon jeune ami, le complexe d’Oedipe, la sexualité infantile et tout ce qui s’ensuit, se révèlent finalement insignifiants face à une pulsion beaucoup plus fondamentale: celle qui consiste à se tromper soi-même et à tromper les autres.»
J’insistai pour savoir ce qu’il entendait par là. «À vrai dire, nous savons, mais nous n’osons pas le dire, que la valeur d’un homme, sa réputation, tiennent le plus souvent à son imposture, à sa faculté de tricher, de réagir dans des circonstances où son ignorance est totale sans révéler même un instant à quel point il est ignorant.»
Si j’ai bien compris, lui dis-je, ce n’est pas la culpabilité qui est...
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