Pierre Moscovici n’a pas convaincu les socialistes espagnols

Publié le 23 juin 2017
Le PSOE a décidé de s’abstenir lors du prochain vote sur le CETA au Parlement espagnol. La visite du Commissaire européen à Madrid n’y a rien fait, et ce n’est pas sa rhétorique maladroite de social-libéral français qui va convaincre ses camarades espagnols.

Pierre Moscovici, Commissaire européen aux Affaires économiques et financières, est très mécontent
des socialistes espagnols, relate El Pais. Le PSOE a en effet annoncé que son groupe parlementaire s’abstiendrai – plutôt que de voter oui comme prévu – jeudi prochain, lors du vote sur le CETA, l’accord de libre-échange avec le Canada, au Parlement espagnol. 

Le CETA, dernièrement approuvé par le Parlement européen, doit maintenant l’être par les Parlements des membres de l’UE. «Mais comme le processus risque d’être très long, l’Union européenne a la possibilité de commencer à appliquer, en attendant, toutes les dispositions de l’accord qui relèvent uniquement de sa compétence – c’est-à-dire 95 % du CETA», expliquait Le Monde en février dernier. Ce qui donne du grain à moudre à ceux qui considère que l’UE est un pouvoir centralisateur faisant fi des structures démocratiques nationales de ses membres. 

Pour les partisans européens du CETA, il serait donc bon que le traité soit finalement ratifié unanimement – et si possible démocratiquement – par les pays membres.

De gauche ou pro-européen?

Mais Pierre Moscovici, en visite à Madrid, n’a pas réussi à convaincre le secrétaire général du PSOE, Pedro Sanchez, de changer d’avis, et s’en est montré très mécontent, explique El Pais. «Il a exprimé sa conviction que les forces de gauche sont élues pour promouvoir des politiques de gauche. Mais aussi que les partis pouvant être amenés à gouverner doivent respecter le «patrimoine commun», constitué par les idées et les projets pro-européens». Semblant ainsi opposer «politique de gauche» et «projets pro-européens».

Cette rhétorique maladroite, typique du social-libéralisme, a coûté très cher au PS français. Il faudra que Moscovici trouve autre chose pour convaincre ses camarades espagnols de le suivre sur le chemin – selon lui semé de roses (mais sans poings) – du CETA.


L’article de El Pais: Moscovici insta a Sánchez a no enfrentar izquierda y globalización

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