Palmade ou le droit au lynchage

Publié le 10 mars 2023
Nous sommes bien installés désormais dans la justice du XXIème siècle. On exécute avant toute autre forme de procès. Et après seulement, les juges peuvent faire leur boulot dans l’indifférence. L’essentiel est fait: la condamnation au pilori médiatique. Au droit à la présomption d’innocence succède désormais le droit au lynchage. Pierre Palmade n’en est que l’exemple le plus récent.

N’ayant guère de sympathie pour les rigolos professionnels actuels, je n’éprouve rien envers Palmade, sinon cette pitié fondamentale que l’on doit à tout être humain en train de chuter. Ma compassion se dirige plutôt, et tout naturellement, vers les victimes de l’accident routier qui vaut au comédien d’être poursuivi en justice.
Les hystéroducs débordent
Cela dit, comment ne pas être écœuré par les flots d’insanités que charrie cette «affaire Palmade»?  Défilé de ses anciens «meilleurs potes» qui en rajoutent dans l’opprobre afin que leur image ne soit point écornée par ce voisinage devenu porteur de peste médiatique.
Concours de réquisitoires pour pipoles excités sur toutes les chaînes télé, radio, vidéo, podcast, réseaux sociaux et autres hystéroducs. Au sein de la meute des Fouquier-Tinville de basse-cour, l’histrion helvétophobe Yann Moix proclamant que Pierre Palmade s’aime trop pour se suicider  (Emission «Quelle Epoque» sur France 2, samedi 25 février)!
Quelle époque, en effet… Dans «La Chronique médiatique» sur France Inter, Cyril Lacarrière recense 20'000 chroniques ou articles consacrés à l'humoriste Pierre Palmade et à son accident, soit 2'000 par jour! Et le confrère d’ajouter qu’environ trois quarts de ces 20'000 sujets ont été produits par les chaînes radio et TV.
Le complexe écheveau des responsabilités
Ce magma fangeux en vient à encrasser d’honnêtes oreilles journalistiques. Ainsi, entend-on des formules du genre «l’accident de la route provoqué par Pierre Palmade» qu’émettent des journalistes dont le professionnalisme ne fait pourtant aucun doute.
Or, en l’état actuel, on ignore tout des circonstances exactes de l’accident. Est-il démontré que le comédien l’a provoqué? Existe-t-il d’autres personnes impliquées? L’écheveau des responsabilités se révèle ...

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