Migration: ces Européens qui se ruaient vers les côtes nord-africaines

Un migrant nord-africain deviendra t-il un jour premier ministre d’un pays européen au XXIᵉ siècle? Au XIXᵉ un esclave grec accédait aux plus hautes fonctions à Tunis. Rencontre du bey de Tunis Muhammad Sādiq Bāšā-Bey, saluant Napoléon III à Alger, 20 septembre 1860. – © A. de Belle, musée de Ksar Saïd, Author provided
M’hamed Oualdi, Institut d’études avancées de Paris (IEA) – RFIEA
«Dieu soit loué. À mon maître, que Dieu le garde en vie. Après que notre maître m’ait crié dessus et se soit mis en colère contre moi me reprochant d’avoir souvent agi sans l’en avoir informé et d’avoir amené de Grèce ma mère sans le prévenir […] je me suis réfugié parmi les plus humbles. […] Je suis votre esclave. Vous devez donner des ordres à votre esclave. Vous pouvez aussi lui pardonner. Vous affirmez que j’ai amené auprès de moi ma mère sans en aviser votre excellence. [Et bien] je n’ai ni mère, ni père. Vous êtes ma mère et mon père. Je n’ai que vous, maître.»
Ces lignes d’une lettre conservée aujourd’hui aux Archives nationales tunisiennes furent rédigées en 1832 par un esclave d’origine grecque, converti à l’islam sous le nom de Muhammad le Trésorier (Khaznadar).
Ces paroles d’excuses sont adressées à son maître, le vizir (ou principal ministre) de la province ottomane de Tunis, Shakir, le Garde des Sceaux (Sahib al-Taba) lui aussi de statut servile mais provenant d’une autre région, de Circassie, dans les contrées caucasiennes. Cette région se trouve aujourd’hui au sein de la Fédération de Russie, au nord de la Géorgie et correspond aux républiques russes de Karatchaïévo-Tcherkessie, de Kabardino-Balkarie et d’Adyguée.
Parmi de multiples témoignages d’esclaves au cours du XIXᵉ siècle, la lettre, rédigée en langue...
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