Les joyeusetés de la vie digitale en Chine

Le journaliste, quelque peu éberlué, constate qu’il ne peut quasiment rien faire en ville sans utiliser l’application Wechat. Pour commander et payer un taxi, dont le chauffeur n’a jamais de monnaie. Pour choisir un plat et régler l’addition au restaurant. Les imprudents suspects de ne pas porter le régime dans leur cœur − telle cette femme qui a osé se renseigner sur une manifestation à Hong Kong il y a deux ans − se voient coupés de l’application et se trouvent pratiquement paralysés. Mieux que le pass sanitaire à la manière suisse. Il en existe aussi un en Chine… «Un de mes voisins, raconte Sander, a dû être mis en quarantaine dans son appartement. Pour 14 jours. Mais son « code santé QR », qui attribue un statut vert ou jaune ou rouge à chaque propriétaire de téléphone portable dans la pandémie, n’a tout simplement pas voulu passer au vert. Il a dû rester dans son appartement pendant trois jours supplémentaires jusqu’à ce que le problème soit résolu. Le simple fait de quitter son appartement ne l’aurait guère mené loin: une caméra avait été installée devant sa porte spécialement pour la durée de la quarantaine; le trou de forage dans le plafond est encore visible. Même s’il avait quitté l’appartement, les gardes de sécurité de l’entrée principale l’auraient arrêté au plus tard à son retour.»
Des caméras, il y en a partout, dans la rue, les gares, devant les immeubles, parfois pointées vers les balcons. La plupart des Chinois rencontrés par le journaliste se s’en plaignent pas le moins du monde: «Il y a ainsi beaucoup moins de criminalité… On ne vole plus les voitures!» Autre détail: les billets de train sont couplés à la carte d’identité et tous les trajets dûment enregistrés dans le système. A toutes fins utiles… au pouvoir «protecteur».
De toute façon, s’il on veut vivre là, il faut s’y faire. Et on s’y fait. «Oh! Mon Dieu, conclut le correspondant, est-ce une simple assimilation ou déjà une soumission, ou les deux?»
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