No Billag ne bénéficierait qu’à un seul

Publié le 12 janvier 2018
La tribune de Jacqueline Badran, publiée et traduite en français dans le journal en ligne indépendant «Infosperber», analyse les arrière-pensées commerciales de l'initiative No-Billag. En un mot, le démantèlement de la SSR ferait beaucoup de perdants - et un seul grand gagnant: le groupe privé Tamedia-Goldbach.

Jacqueline Badran conseillère nationale PS, en tribune dans Infosperber
Jakob Niels, Infosperber traduction et adaptation

A propos de l’initiative No Billag:

on a insinué beaucoup de choses: «Nous sommes convaincus que le marché va tout financer»,

on en a suggéré d’autres: «La SSR continuera d’exister, ceux de Berne ne vont pas mettre à exécution l’initiative à la lettre»,

on a parlé à tort et à travers: «C’est de leur propre faute, la SSR et le Parlement auraient pu élaborer un contre-projet»,

fabulé: «Cette télévision d’état gauchiste est un mastodonte et doit être redimensionnée».

Si ce vote n’était pas si important à bien des égards, nous pourrions simplement en avoir honte et passer à autre chose.
Mais si certaines personnes au dogme libertaire veulent abolir la seule maison de médias qui nous appartient à tous, cela signifie qu’il faut y porter une attention particulière. Il s’agit du patrimoine national, d’une partie du quatrième pouvoir et d’un service de base d’information, de culture, de sport et de divertissement, avec lequel nous avons très bien vécu pendant des décennies. Et tout cela à très faible coût pour la population,
Ces propos des initiateurs – colportés par de nombreux médias de manière non filtrée – ne servent que d’écran de fumée. A supposer que les initiateurs croient à leur propre histoire, ce serait jouer avec le feu. En effet, il s’agit en réalité soit d’une histoire de pouvoir absolu, soit d’une affaire de gros sous. Ou alors des deux à la fois. Les uns ne peuvent pas supporter de ne pas avoir le contrôle sur les médias publics, les autres ont des intérêts purement commerciaux.
Il n’y en a qu’un seul à qui cela profite
Si l’on retrace l’agenda politico-médiatique, la question clé est la suivante: qui bénéficie de l’adopti...

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