Le poète est mort à Noël
dans la neige de nos enfances

© 2017 Bon pour la tête / Matthias Rihs
Des enfants furent les premiers à découvrir ce vieux Monsieur gisant dans la neige face au ciel, et son chapeau tout à côté, en ce jour de Noël de l’an 1956. Quelqu’un prit ensuite une photo, mais probablement le photographe ignorait-il que le type qui gisait là, après une longue virée depuis l’asile psychiatrique d’Herisau, était un poète du nom de Robert Walser qui avait connu la notoriété quelques décennies plus tôt entre Zurich et Berlin, Vienne ou Prague, admiré par ces grandes figures de la littérature européenne qu’étaient Hermann Hesse et Robert Musil, Walter Benjamin ou Franz Kafka – mais quelle importance à ce moment-là?

L’important, sur fond d’hiver glacial durant lequel nous arriveraient les premiers réfugiés hongrois sauvés de l’enfer communiste (langage de l’époque), reste cette image du poète oublié reposant dans la neige de nos enfances et de l’adolescence d’une blonde jeune fille un peu fée et un peu sorcière dont l’internat où elle avait passé ses plus belles années de rêveuse incarcérée se trouvait dans le même canton que l’asile de Walser, entre Herisau et Teufen, en Appenzell de mélancolique idylle.
Tout en restant attentif à l’espèce de cauchemar éveillé que constitue l’actualité, avec ses pantins semant le chaos sous couvert de grimaces policées, je lisais ces jours le dernier livre de Fleur Jaeggy après avoir relu Les Années bienheureuses du châtiment et L’institut Benjamenta de Robert Walser, découvert il y a bien quarante ans de ça,...
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