Le cancer du PLR diagnostiqué par la «NZZ»

Publié le 18 juin 2021

Petra Gössi en 2019. – © FDP Schweiz

Avec la démission lundi de Petra Gössi à la tête du PLR, certains ont voulu voir en elle la responsable des défaites politiques récentes du parti. Pas la «NZZ», qui sous la plume de l’une de ses collaboratrices voit le mal ailleurs. Résumé de cette analyse et confrontation à celle de l’historien libéral-radical vaudois Olivier Meuwly.

Rien de moins qu’un «cancer»: voilà ce dont souffre le PLR aux yeux de Christina Neuhaus, qui s’est exprimée dans la NZZ quelques heures avant que Petra Gössi annonce sa démission de la présidence du parti. Si «la nouvelle politique climatique libérale, que la présidente du parti Petra Gössi a fait adopter presque seule il y a deux ans, n’a pas passé le test de résistance interne du parti», en d’autres termes si la loi CO2 n’a pas passé la rampe du peuple le 13 juin dernier alors que tous les partis y étaient favorables, sauf l’UDC, c’est parce que le PLR souffre d’un problème d’identité.

La journaliste voit ce problème d’identité comme la non-résolution d’un dilemme: «le PLR veut-il continuer à se développer dans le sens d’un parti populaire à tendance écolo-libérale, ou doit-il se positionner à nouveau comme un parti libéral économique fondamentalement critique à l’égard de l’intervention de l’Etat?» On pourrait dire qu’il s’agit de la version 2.0 de la traditionnelle dualité entre radicaux et libéraux au sein du parti. Au débat sur la responsabilité sociale de l’Etat dans une société libérale a succédé la discussion sur la responsabilité écologique de l’Etat dans une société libérale.

L’historien romand Olivier Meuwly, interrogé hier par watson, ne voit pas exactement les choses ainsi: «Sur l’écologie, le PLR dit que l’Etat ne doit pas intervenir. Très bien, mais que proposons-nous comme alternative dans notre dispositif intellectuel? Rien. C’est regrettable.» Pour le libéral-radical vaudois, le problème du PLR est bien plus général que celui pointé par Christina Neuhaus: il s’agit d’un manque de vision, de projet.

Le PLR a toujours dû réaliser une forme de synthèse entre ses différents pôles. Il s’agit maintenant d’assumer cette synthèse et de la théoriser en l’adaptant aux défis d’aujourd’hui. Après seulement vient la gestion, après seulement vient le pragmatisme. Mais un élément est capital: ce travail substantiel de redéfinition du PLR devra être réalisé sans que soit effacée la diversité d’opinions de ses adhérents et même de ses responsables. Sans quoi la philosophie même de cette formation politique sera atteinte par la pire des tumeurs.


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