La presse est un bien public

Publié le 7 juillet 2020
La plus spectaculaire des reprises économiques ne changera rien à l’affaire: la presse écrite ne peut plus compter sur la pub pour prospérer. Si la Suisse veut maintenir la diversité médiatique, elle doit soutenir le travail journalistique, indépendamment du support de diffusion. Nous sommes arrivés au moment où ce qui est vrai depuis des décennies pour l’audiovisuel devrait le devenir pour la presse imprimée ou en ligne. Après tout, celle-ci n’est pas moins vitale que celle-là pour la vitalité de la vie démocratique.

Les producteurs de désinfectant ou les entreprises de nettoyage profitent de la pandémie, pourquoi diable n’est-ce pas le cas de la presse? Elle aussi a gagné de nouveaux consommateurs!
Les crises ont toujours dopé l’audience des journalistes. Cela commence avec la Révolution française qui voit apparaître toutes sortes d’imprimés militants. L’essor de la presse est consubstantiel aux revendications démocratiques.
Ce lien prend un tour industriel avec la guerre hispano-américaine de 1898, qui conduira à l’indépendance de Cuba. La presse américaine fait campagne de manière hystérique pour une intervention dans l’île alors sous domination espagnole. Elle somme le gouvernement américain de mettre fin à sa politique étrangère isolationniste. Le tirage des journaux gonfle, les profits de leurs propriétaires aussi. Le magnat de la presse William Randolph Hearst, qui inspirera le film Citizen Kane de Orson Welles, obtient le déclenchement d’une «splendide petite guerre», selon l’expression de l’époque, non sans recourir à de fausses nouvelles.
Crises et grands événements internationaux dramatiques génèrent ainsi une augmentation des ventes. Le COVID-19 a réveillé la soif de savoir et de comprendre du public. Alors, pourquoi des perspectives si sombres pour les rédactions que la Berne fédérale a décrété une aide d’urgence et prépare à terme des aides structurelles?
Le modèle économique des journaux, fondé sur la manne publicitaire, s’est effondré en vingt ans. Dans les belles années, la publicité finançait jusqu’à 80% le budget des rédactions (voir 100% pour les gratuits). Le prix payé par le lecteur n’a jamais couvert les coûts du travail journalistique, de l’impression et de la diffusion. Nous étions dans un système de dumping, où chacun trouvait son compte: le lecteur s’infor...

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