La montée des anarcho-capitalistes

Publié le 19 février 2018
On a connu dans l’histoire les anarchistes qui voulaient détruire l’Etat pour faire triompher une révolution populaire. Ils détestaient aussi bien les patrons et les grandes entreprises. Aujourd’hui émerge ici et là une nouvelle école «anar»: elle déclare la guerre aux institutions publiques pour faire place au libre marché. C’est elle qui a inspiré les premiers initiants de No Billag, rejoints ensuite par l’UDC. Ces jeunes gens ne viennent pas de nulle part. Ils ont pour plusieurs d’entre eux étudié l’économie à l’université de Saint-Gall, temple de la pensée capitaliste, ou aux Etats-Unis où cette vision domine de nombreuses hautes écoles. En plus, ils ont un gourou discret. Un avocat bâlois qui prône depuis longtemps l’«anarcho-capitalisme».

Jutzet, la liberté individuelle poussée à l'extrême
Le président romand de No Billag, Nicolas Jutzet, 22 ans, étudiant en économie, a fait impression lors du dernier «Infrarouge». Jeune homme bien élevé, il a la tête structurée, il s’exprime bien. On peut détester sa position sur le sujet, mais on doit admettre qu’il a une conviction libérale d’airain. Avec ce calme, cette assurance de ceux qui se savent du bon côté de la société, prêt peut-être à lâcher des miettes aux pauvres, mais d’abord attaché à l’idéologie du «tout au marché». Au nom de la liberté individuelle poussée à l’extrême. Comme le dit la droite américaine depuis belle lurette: priorité au «droit à la propriété privée, à la terre et aux fruits de son propre travail». Ce jeune loup qui se fait les dents dans la petite commune neuchâteloise de Rochefort et maintenant en bouffant du service public n’est pas seul. Il a de nombreux jeunes amis du côté de Zurich. Et un parrain idéologique.
Dürr, pas d'Etat social, pas d'écoles, rien
La Wochenzeitung (le grand hebdo de gauche) a fait un excellent portrait de David Dürr, 65 ans, avocat à Bâle, qui s’est confié avec franchise aux journalistes, Jan Jirat et Sarah Schmalz. Professeur aussi de droit privé et de théorie du droit à l’université de Zurich, il a aidé les jeunes initiants à rédiger l’article constitutionnel que l’on sait. Il est cependant un peu déçu de les entendre aujourd’hui tenter de nuancer la démarche, de trouver malgré tout un peu d’argent public pour financer certaines partes de la radio-télévision. «Il ne faut pas un centime. L’Etat doit rester complètement en dehors.» David Dürr – dont le fils est conseiller d’Etat radical-libéral à Bâle – a une vision. L’idéal pour lui serait: pas d’Etat social, pas de juges fédéraux, pas de police fédérale, pa...

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