La mode végano-bobo-universitaire

Publié le 10 décembre 2018
Elles inondent le monde académique: ces fameuses conférences, actions et autres réunions sur le véganisme, les transgenres ou la technologie. Mais cette mode intellectuelle n’est pas l’apanage des universités. Elle pourrit aussi le monde de la culture et des médias. Il est temps pour l’intelligentsia dominante de se remettre en question une bonne fois pour toutes.

Comme presque tous les matins, je vais boire mon café et lire la presse du jour. Vient ce moment où j’ouvre avec plaisir mon journal et retrouve comme d’habitude dès la deuxième page un contenu qui m’irrite. Tout un encadré sur la motion acceptée par le parlement visant à rendre pénale l’homophobie. Le propos? Cette motion a le tort de ne pas régler les cas des victimes que sont les transgenres et autres personnes ne se reconnaissant pas comme hommes ou femmes. Et la fameuse abréviation d’apparaître déjà dans le titre: LGBTQI… aura-t-on bientôt toutes les lettres de l’alphabet? Au-delà de cette tendance contemporaine à tout décrire sous forme de communautés, et quoi qu’on pense de la question de fond touchant à cette motion, c’est la toute-puissance des «sujets dans les vent» qui est fatigante.
Une mode intellectuelle
Ce phénomène a un nom: il s’agit d’une mode intellectuelle. Pas un jour ne passe à l’Université de Neuchâtel, où je suis en train d’effectuer mon master en lettres et sciences humaines, sans qu’un joyeux luron n’envoie un courriel à toute la «communauté universitaire» – tiens, encore une – pour inviter «chacun.e» à participer à un «brainstorming sur le quinoa en Suisse», une «conférence sur les stéréotypes de genre», une «action étudiante contre l’islamophobie de la société», un «événement sur les smatphones éthiques» ou un «manifeste pour la reconnaissance des personnes asexuées».
Si cette affaire s’arrêtait aux «étudiant.e.s», comme on les définit dans cette hideuse novlangue, cela ne serait qu’un pet dans l’eau. Après tout, il y a toujours eu des jeunes, et la jeunesse implique une certaine dose de naïveté, d’idéalisme et, il faut bien de la dire, de niaiserie. Le problème, c’est que cette gangrène du sens des priorités atteint aussi, et peut-être même ...

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